Le Marineland d’Antibes, menacé par l’interdiction prochaine des cétacés dans les zoos votée à l’Assemblée nationale, a regretté jeudi un projet « biaisé » dont les soigneurs, le travail scientifique et même les animaux risquent d’être les « laissés pour compte ».
« Nous ne devons pas être les laissés pour compte d’une décision si peu éclairée »,a souligné Pascal Picot, directeur général du site, le plus grand parc zoologique marin d’Europe, établi depuis 1970 sur 26 hectares en bord de mer Méditerranée et qui abrite notamment 4 orques et 12 dauphins. Adopté notamment avec les voix de deux députés élus d’Antibes et Vence, Eric Pauget (LR) et Loïc Dombreval (LREM, rapporteur du texte), le texte contre la maltraitance animale prévoit l’interdiction prochaine de détention d’animaux sauvages dans les delphinariums et proscrira aussi la reproduction naturelle en milieu zoologique dès son entrée en vigueur. Il doit encore être examiné au Sénat. « Avec ce texte tel qu’il est, dans deux ans, il n’y a plus d’orque en France, ni de dauphins dans sept ans, analyse auprès de l’AFP M. Picot pour qui, le débat n’a rien de rationnel et tient de l’affichage politicien. On n’a pas du tout été associé au texte », déplore-t-il, contrairement à deux organisations militant pour l’interdiction des cétacés dans les zoos qui ont pu s’adresser aux députés lors des auditions préliminaires. Il reproche à la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili d’avoir « montré peu d’intérêt (…) à prendre en compte les informations scientifiques concernant les cétacés en provenance des zoos françaiset cela a conduit à une compréhension biaisée de la situation ».
L’idée des associations de replacer les cétacés actuellement détenus par les parcs dans des enclos en mer reste floue selon lui: « On n’arrive pas à comprendre la différence entre un enclos marin et nos enclos dans les parcs avec des soigneurs et des vétérinaires. Nous réitérons notre vif souhait de travailler avec le gouvernement et avec les différentes parties prenantes travaillant sur les enjeux de conservation afin d’explorer la viabilité des enclos marins pour héberger les dauphins sauvages ayant été secourus en vue de leur réhabilitation puis de leur libération », ajoute-t-il.
Marineland est un important gisement d’emplois et un moteur touristique, avec des retombées économiques évaluées en 2019 à 97,9 millions d’euros. « Nous attendons des mesures fortes de la part du gouvernement pour assurer l’emploi et l’accompagnement des scientifiques, des soigneurs animaliers, des vétérinaires et des équipes qui consacrent leur vie aux cétacés », a plaidé M. Picot. Le parc a connu une fréquentation « correcte » l’été 2020 mais subit son 7e mois de fermeture depuis le début de la crise Covid-19.