Une étude publiée dans Science montre que l’impact toxique des pesticides sur les abeilles et autres pollinisateurs a doublé en dix ans, malgré une baisse de la quantité de produits utilisés. Ces travaux contredisent les affirmations générales selon lesquelles la diminution de la quantité de pesticides réduit leur impact sur l’environnement.
Avec le temps, l’homme a créé des pesticides pouvant être utilisés en plus faibles quantités tout en restant efficaces. Ces armes chimiques son utilisées pour vaincre les ravageurs de culture et les mauvaises herbes agressives. Cependant, elles nuisent à des spectateurs innocents comme les abeilles, les poissons et les crustacés. Au cours des dernières décennies, la quantité d’insecticides utilisée aux États-Unis a diminué d’environ 40 %. Mais dans le même temps, les ingrédients actifs sont devenus plus puissants. Une étude publiée dans Science révèle que cette diminution dans l’utilisation des produits chimiques a permis aux populations d’oiseaux et mammifères d’aller beaucoup mieux. En revanche, les pollinisateurs et les invertébrés aquatiques souffrent. Selon cette étude, l’impact toxique des pesticides sur les abeilles sauvages et autres pollinisateurs a doublé en dix ans, et ce, malgré une diminution globale de la quantité de produits utilisée. Les auteurs ont montré que la toxicité supérieure l’emporte sur les volumes inférieurs ce qui entraîne un impact global plus meurtrier sur les pollinisateurs et les insectes aquatiques tels que les libellules et les éphémères. La bonne nouvelle est que la toxicité totale a chuté de plus de 95 % pour les oiseaux et les mammifères entre 1992 et 2016, en grande partie grâce à l’élimination progressive des anciens pesticides.
Les chercheurs ont utilisé les données du gouvernement américain sur l’utilisation des pesticides et le niveau de toxicité de chaque produit chimique pour donner une mesure de la « toxicité totale appliquée ». Les informations récoltées ont permis d’évaluer les changements au fil du temps. L’analyse est basée sur l’utilisation et la toxicité de 380 pesticides appliqués aux États-Unis entre 1992 et 2016. Selon les scientifiques, la même tendance à la baisse des volumes, mais à l’augmentation de l’impact toxique est probable pour de nombreuses régions du monde, mais les données en libre accès sur l’utilisation des pesticides ne sont pas disponibles dans l’UE, en Amérique latine, en Chine ou en Russie.
Les résultats apportés par cette étude vont à l’encontre des affirmations selon lesquelles la diminution de la quantité de pesticides utilisés réduit leur impact sur l’environnement. Les auteurs précisent que l’impact toxique des pesticides utilisés sur les cultures génétiquement modifiées reste le même que celui des cultures conventionnelles, malgré les dires selon lesquelles les cultures génétiquement modifiées réduiraient le besoin de pesticides. D’après les recherches, les plantes ont également été touchées. Depuis 2004, la toxicité totale appliquée des désherbants a doublé chez les plantes terrestres. Les auteurs estiment que l’un des principaux herbicides à l’origine de cette augmentation est le glyphosate, qui a simplifié l’agriculture, amélioré la conservation des sols et permis aux agriculteurs de renoncer à des herbicides plus toxiques après l’apparition, dans les années 1990, de cultures génétiquement modifiées pour tolérer le glyphosate. Mais depuis lors, certaines mauvaises herbes ont développé une résistance au glyphosate et les agriculteurs pulvérisent d’autres types d’herbicides. Cela menace les plantes à fleurs qui poussent en bordure des champs et qui fournissent de la nourriture et un habitat à d’autres espèces.