Après avoir placé des millions de personnes en insécurité alimentaire au Moyen-Orient et en Afrique de l’est, l’invasion du criquet pèlerin pourrait se poursuivre vers l’Afrique de l’ouest dès le mois de juin.
L’invasion du criquet pèlerin en Afrique de l’Est et au Moyen-Orient sévit depuis plusieurs mois et est préoccupante pour un grand nombre de pays. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a appelé à l’aide internationale en janvier 2020 et estime à plus de 20 millions les personnes potentiellement en état d’insécurité alimentaire suite à cette invasion. Par ailleurs, l’Afrique de l’Ouest s’inquiète du risque de propagation vers les régions occidentales
Au sein de la FAO, le Desert Locust Information Service (DLIS) renseigne toutes les semaines sur la situation et crée des bulletins mensuels permettant d’avoir des prévisions à 2 mois sur l’évolution de la situation. Des chercheurs du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), qui travaillent sur ces prévisions, ont récemment mis en ligne les résultats de cinq simulations, effectuées grâce aux données météorologiques des années 2015 à 2019. Dans 4 cas sur 5, des essaims de criquets, poussés par les vents, atteignent le sud du Tchad durant les mois de mai ou juin à venir.
« Notre approche de simulation présente plusieurs limites, indique Cyril Piou, écologue spécialiste des dynamiques de populations d’acridiens au Cirad. Néanmoins, en considérant le déplacement des essaims avec les vents dominants, et les vents réellement observés ces cinq dernières années, nos simulations indiquent que les essaims de criquet pèlerin ont une grande probabilité d’arriver au Tchad dès le mois de juin, et donc de débuter une invasion en région occidentale de l’aire de distribution de cette espèce. »
Le Tchad est historiquement la porte d’entrée des invasions se propageant depuis l’Afrique de l’Est et du Moyen Orient vers l’Afrique de l’Ouest. « Une fois que des essaims arrivent pendant la saison des pluies au Tchad, la reproduction estivale peut généraliser l’invasion sur toute l’Afrique de l’Ouest et du Nord« , affirme le chercheur. Pari ailleurs, « des facteurs aggravant pourront s’ajouter à ce risque à travers les difficultés liées à l’insécurité dans une grande partie du Sahel et les aspects logistiques liés à la pandémie de Covid-19. » La commission de lutte contre le criquet pèlerin en région occidentale (CLCPRO) de la FAO se prépare actuellement à l’invasion avec ses 10 pays membres d’Afrique de l’Ouest et du Nord.