L’Australie est en proie à sa pire saison de feux de forêt jamais enregistrée. Le bilan humain s’élève à 27 morts, et quelque 2 000 maisons ont été détruites sur plus de 10 millions d’hectares de terres – une superficie plus grande que le Portugal. Les scientifiques estiment qu’un milliard de mammifères, d’oiseaux et de reptiles sauvages ont péri.
Des incendies meurtriers pour les hommes et la faune sauvage se poursuivent en Australie. Des images de koalas, la fourrure roussie par les flammes, d’opossums avec les pattes brûlées, de carcasses de kangourous calcinées ont fait le tour du monde, devenant le symbole d’une nation et d’un environnement frappés de plein fouet par une crise notamment induite par le changement climatique. Des animaux moins visibles comme les grenouilles, les insectes, invertébrés et les reptiles, devraient également avoir subi des pertes considérables. Les animaux comme les koalas qui vivent en surface en petites populations isolées et qui ont une capacité de fuite limitée sont très en difficulté.
Certains animaux sont plus résistants au feu que d’autres. Les mieux adaptés sont ceux qui peuvent se mettre sous terre, tels que les termites et les lézards. « Un grand nombre d’animaux meurent après le passage de l’incendie car ils manquent de nourriture et n’ont plus d’abri« , ou sont mangés par d’autres animaux, a expliqué à l’AFP Mathew Crowther, de l’Université de Sydney. Dans l’Etat de Victoria (sud-est), où la saison des incendies ne fait que débuter, les vétérinaires ont raconté avoir vu des koalas, des oiseaux, des wallabies et des opossums souffrant non seulement de brûlures, mais également de problèmes respiratoires. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
« Jusqu’à présent beaucoup ont dû être euthanasiés, d’autres ont pu être sauvés et une poignée renvoyée dans l’habitat naturel restant alors que trois ont été pris en charge« , a déclaré un porte-parole de Zoos de l’Etat de Victoria. Le taux d’extinction des mammifères en Australie était déjà le plus élevé au monde mais les feux de forêt actuels pourraient engendrer des extinctions localisées. « Les populations de (kangourous) vont généralement essayer de se regrouper. Quand ils reviennent, évidemment… l’herbe n’est plus verte, le feuillage n’est plus là, les buissons ont disparu, les arbres sont brûlés« , a expliqué Sarah Price, bénévole d’un centre de soins pour la faune sauvage. Un tiers de l’île Kangourou, un véritable paradis pour les animaux situé dans le sud de l’Australie-méridionale, a été dévastée. Certaines espèces uniques vivant sur cette île pourraient avoir été décimées.
« Il ne reste presque plus beaucoup d’habitats pour de nombreuses espèces. Cela conduit localement à des phénomènes d’extinction« , a déclaré à la chaîne publique australienne ABC John Woinarski, du Threatened Species Recovery Hub, un programme public de protection de la faune. M. Woinarski n’hésite pas à qualifier ces incendies d' »holocauste » pour la faune. Au moins la moitié de la seule population australienne de koalas « exempte d’infection » et qui vivait sur l’île Kangourou aurait succombé à de graves blessures. Ces koalas constituaient une sorte d' »assurance » pour l’avenir de l’espèce. La souris marsupiale de cette île, qui figurait déjà sur la liste des dix espèces les plus menacées, est menacée d’extinction; et les habitats des cacatoès de Latham ont également été très durement touchés. Le professeur de l’Université de Sydney Chris Dickman a affirmé que son étude, selon laquelle plus d’un milliard d’animaux ont péri, était « très prudente« . Ce qui se passe actuellement en Australie, ne constitue peut-être que les premières étapes de « ce à quoi pourraient ressembler les changements climatiques dans d’autres parties du monde« , selon lui. Lorsque les incendies auront cessé, certaines populations pourraient devenir si peu nombreuses qu’elles devront être placées en captivité afin de tenter de sauver l’espèce. Certaines parties de la forêt qui a brûlé pourraient mettre des décennies à repousser et les spécialistes soulignent que d’importants investissements pourraient être nécessaires afin de restaurer les habitats. Une autre préoccupation majeure est l’avenir de plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs qui volent entre la Tasmanie, l’Etat du Victoria et le sud du Queensland. Ils font des haltes dans les landes côtières de la côte est, précisément là où beaucoup des incendies ont eu lieu. Il faudra des années avant que ces habitats soient à nouveau exploités comme points d’arrêt par les oiseaux migrateurs.
La solidarité internationale est toutefois en marche, et les photos de koalas brûlés en Australie font notamment pleuvoir les dons sur internet. Des milliers de personnes ont même signé une pétition pour que le koala soit introduit en Nouvelle-Zélande afin de sauver l’espèce, une demande qui a cependant été d’emblée rejetée par Wellington. Les incendies ont eu d’autres conséquences inattendus sur la biodiversité. Des tireurs à bord d’hélicoptères ont ainsi dû abattre plus de 5.000 dromadaires sauvages lors d’une campagne visant à réduire la menace que ces animaux constituent pour la population dans le contexte de la sécheresse qui sévit dans l’intérieur du pays, ont annoncé les autorités. Une annonce reçue avec indignation par les défenseurs de l’environnement, dans une situation déjà marquée de crise de la biodiversité…
Des responsables locaux de l’Etat d’Australie-méridionale avaient affirmé que des troupeaux « extrêmement importants« , en quête d’eau et de nourriture, s’approchaient de plus en plus des zones habitées, menaçant les réserves de ces villages en plus de provoquer des dégâts et de constituer un danger pour les automobilistes. Par ailleurs, la situation de crise des incendies a forcé certains Etats à prendre des mesures extrêmes pour la préservation de la biodiversité. Ainsi, pour tenter de sauver le wallaby Petrogale penicillata, un marsupial menacé, le gouvernement de l’État de la Nouvelle-Galles du Sud a organisé la semaine dernière une livraison de milliers de livres de légumes dans les zones touchées par le feu. Selon un communiqué de presse du gouvernement, près de 2 000 kilogrammes de patates douces et de carottes ont été largués dans 11 colonies différentes de wallabies. Ces parachutages se poursuivront et s’accompagneront d’une lutte contre les prédateurs, à mesure que l’espèce se rétablira.
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