La ferme picarde dite « des 1 000 vaches » a annoncé vendredi 4 décembre l’arrêt de son activité laitière en 2021, une « satisfaction » pour les opposants à ce projet qui a déchainé la lutte entre éleveurs et adversaires d’une agriculture « productiviste« .
« Nous arrêtons la collecte du lait à partir du 1er janvier 2021« , a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’exploitation laitière picarde dite de « 1 000 vaches« , confirmant une information du Courrier picard. Avant d’être vendues ou « envoyées à l’abattoir » pour une partie, les quelque 800 vaches laitières du site vont entrer dans l’étape de « tarissement, c’est-à-dire la modification de leur alimentation pour qu’elles produisent moins de lait« , a indiqué ce porte-parole.
La ferme a justifié cette décision par un contexte défavorable et « le manque de visibilité« , dû notamment à la réorientation de la coopérative belge chargé de la collecte. « Si nous avions eu 1 000 vaches, le modèle était viable. Il était intéressant car il permettait aux éleveurs de se regrouper et aux équipes de tourner (…) Or, nous n’avons pas obtenu l’autorisation« , a déploré la même source.
Les 1 000 hectares de terres seront conservés pour y maintenir l’activité de culture, blé, lin, betteraves et pommes de terre. Contacté par l’AFP, le porte-parole de l’association Novissen, farouchement opposé au projet, s’est dit « satisfait de constater que l’État de droit est enfin respecté« .
« C’est une page qui se tourne » après « un long combat de 10 ans« , a réagi Francis Chastagner, saluant « une décision importante aussi pour tous les autres combats contre des projets industriels similaires actuellement en route », et qui va « encourager les collectifs et associations à ne pas désespérer« .
La Confédération paysanne a elle aussi salué une « victoire majeure » contre « un symbole de l’industrialisation de l’agriculture« . « Ce modèle économique destructeur pour les paysan.ne.s, la vie des territoires et la planète n’est pas viable« , a-t-elle écrit sur Twitter. Ouverte en septembre 2014 à Drucat, près d’Abeville (Somme), l’exploitation géante avait fait l’objet d’un long combat judiciaire. Fin 2019, la justice avait obligé le site à ramener son cheptel à 500 bovins, et payer des pénalités pour avoir dépassé « de 59% » l’effectif fixé par l’État.