La Commission européenne demande à la France de mieux protéger l’ours brun dans les Pyrénées, dont « l’état de conservation est toujours défavorable » et de suivre les « recommandations de réintroduction », selon un courrier que s’est procuré l’AFP jeudi 3 décembre.
Trois ours ont été tués par la main de l’homme dans le massif franco-espagnol depuis le début de l’année, dont un en juin côté français, en Ariège. Une ourse a été tuée en novembre côté espagnol par une personne ayant plaidé la légitime défense. Un mâle avait déjà été tué début avril en Espagne. Une personne a été arrêtée dans le cadre de l’enquête sur sa mort. Les ours bruns, dont la population tourne autour d’une cinquantaine d’individus, sont en danger critique d’extinction dans les Pyrénées. L’espèce est protégée. « L’état de conservation de l’ours brun est toujours défavorable » en France, relève la Commission européenne dans son courrier. « La principale difficulté qui empêche la mise en oeuvre rapide de mesures de réintroduction reste toujours l’absence d’un climat de discussion plus favorable« , relève-t-elle.
La Commission européenne demande « le suivi des recommandations de réintroduction menées par l’expertise scientifique du Muséum national d’histoire naturelle et la mise en oeuvre du plan d’actions ours brun 2018-2028« . Ce plan prévoit de remplacer tout plantigrade mort à cause des activités humaines. Il a conduit à la réintroduction en 2018 de deux femelles venues de Slovénie et prévoyait plus largement « le lâcher de nouveaux individus » pour que la population soit viable et pour assurer une connexion entre les deux noyaux de population aujourd’hui existants. Des éleveurs contestent régulièrement la présence de l’ours, qu’ils accusent de s’en prendre à leurs troupeaux. En 2019, le nombre d’animaux indemnisés s’est monté à 1.173 et 36 ruches.
La part de la prédation de l’ours représente moins de 0,1% du cheptel qui estive dans les Pyrénées, mais « certaines estives se trouvent très impactées« , soulignait le plan d’action national. « Au moment où la France va accueillir le Congrès mondial de l’UICN (Union internationale de conservation de la nature) et où va se tenir la COP15 sur la biodiversité, ne pas remplacer ces ours tués de la main de l’homme enverrait au niveau international un signal très négatifs sur l’engagement de la France« , souligne la quinzaine d’associations membres du collectif CAP-Ours.