Une nouvelle projection affirme que, d’ici 2021, la déforestation conduira la forêt amazonienne à un point de basculement qui l’empêchera de produire assez de pluie pour subvenir à ses besoins.
« Conformément à ses promesses de campagne nationalistes d’extrême droite, le gouvernement du président Jair Bolsonaro a intentionnellement renoncé aux efforts de lutte contre le changement climatique et de préservation de l’environnement, ce qui a encouragé les agriculteurs, les exploitants forestiers et d’autres acteurs à se livrer à des activités prédatrices dans la forêt tropicale. » C’est en ces mots que Monica de Bolle, économiste au Peterson Institute for International Economics, à Washington, fait références aux incendies qui ont ravagé la forêt amazonienne brésilienne à l’été 2019 dans un récent document d’orientation. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
A partir de données scientifiques de l’Institut brésilien de recherche spatiale, l’INPE, qui avait signalé que la déforestation en août dernier était 222 % plus élevée qu’en août 2018, De Bolle a calculé que si le rythme actuel de déforestation se maintient au cours des prochaines années, l’Amazonie pourra connaître un « point de basculement » irreversible en 2021, au-delà duquel la forêt tropicale ne pourrait plus générer suffisamment de pluie pour subvenir à ses besoins et commencerait à se dégrader lentement en une savane plus sèche, libérant des milliards de tonnes de carbone dans l’atmosphère, ce qui exacerberait le réchauffement planétaire et perturberait les conditions météorologiques en Amérique du Sud. Le rapport a suscité la controverse parmi les climatologues. Certains pensent que le point de basculement ne se produira pas avant 15 à 20 ans, tandis que d’autres affirment que l’avertissement reflète avec précision le danger. Carlos Nobre, l’un des principaux climatologues brésiliens, a toutefois remis en question le calcul de De Bolle selon lequel la déforestation passerait de 18 000 km2 cette année à près de 70 000 km2 en 2021.
« Cela me semble très improbable – l’augmentation prévue de la déforestation est plus un calcul économique qu’écologique« , a-t-il dit. D’après lui, le point de basculement serait atteint quand 20 à 25% du couvert forestier de l’Amazonie aurait disparu. « L’Amazonie est déjà déboisée à 17 %, donc si l’on calcule au rythme actuel de déforestation, ces 20 à 25 % sont atteints dans 15 à 20 ans » Quoi qu’il en soi, De Bolle a souligné que « le Brésil devrait adopter et appliquer des réglementations sur l’utilisation des terres dans la région amazonienne tout en sévissant contre les utilisations illégales, telles que l’exploitation forestière et minière, et devrait rétablir des politiques conditionnelles de crédit rural pour lutter contre la déforestation. »
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