Des scientifiques ont montré que la collecte de bois de chauffe n’a pas augmenté au Népal entre 2003 et 2010, à l’inverse du niveau de vie et des besoins énergétiques de ces ménages. Un paradoxe qui s’explique par une réduction des activités agricoles, laquelle diminue la pression exercée sur les forêts.
Au Népal, où la population essentiellement rurale et pauvre dépend en grande partie des ressources naturelles, les forêts recouvrent un quart du pays. L’une des menaces de ces écosystèmes est la collecte de bois de chauffe, principale source d’énergie pour la majorité des foyers népalais. Un groupe de scientifique incluant des chercheurs de l’Institut National de la Recherche Agronomique (Inra) s’est intéressé à l’évolution des forêts népalaises en analysant la relation entre couvert forestier et croissance économique au Népal, entre 2003 et 2010. L’étude a porté sur 3 590 foyers situés en zone rurale de collines ou de montagnes. L’état de la forêt a été évalué selon trois paramètres mesurés par imagerie satellitaire : le couvert forestier, la biomasse et la fraction de radiations lumineuses absorbées, utiles pour la photosynthèse. Les résultats montrent que la couverture forestière des contreforts himalayens, ainsi que la collecte de bois de chauffe sont restés stables sur cette période de 7 ans. Cette dernière s’est élevée « à 2 % de la biomasse de la forêt soit un taux proche du taux naturel de régénération d’où, probablement, la stabilité de son état sur cet intervalle de temps », explique l’Inra dans un communiqué. Comparé aux décennies précédentes, « à l’échelle des foyers, cette collecte de bois a diminué de 8 % alors que le revenu des ménages a augmenté de près de 60 % et que de nombreux changements sont survenus. La taille des ménages, le nombre de têtes de bétail par foyer, la taille des propriétés agricoles et le temps de travail dévolu aux activités agricoles ont diminué. A l’inverse, l’éducation et les activités non agricoles ont augmenté. » Mais si le développement des activités non agricoles a profité aux forêts népalaises, le communiqué précise qu’en contrepartie, les dépenses énergétiques des foyers ont « quasiment doublé » et sont désormais essentiellement couvertes par « des carburants dérivés du pétrole – gaz de pétrole liquéfié ou GPL, kérosène, fuel », entraînant des conséquences sur la pollution de l’atmosphère. Si, dans l’esprit des gens, croissance économique rime souvent avec accroissement de la déforestation pour couvrir les besoins en bois, les chercheurs concluent leur étude en invitant à analyser la « nature de la croissance économique », en explorant les données d’évolution des activités des ménages. Dans le cas du Népal, la croissance économique ne provient pas de l’intensification d’activités agricoles traditionnelles, et n’augmente donc pas la pression sur les forêts.