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Afin de protéger les lions, guépards et autres espèces emblématique d’Afrique, une bourse de la Commission européenne va financer un vaste programme de conservation impliquant les communautés locales.

Les prédateurs emblématiques du continent africain ont désormais tous une place peu enviable dans la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN : le lion (Panthera leo), et le guépard, (Acinonyx jubatus) sont classés « vulnérable », avec respectivement 7500 et 7100 individus survivant à l’état sauvage. Confinés dans les massifs isolés des hautes terres d’Ethiopie, les 500 derniers loups d’Abyssinie (Canis simensis), le carnivore le plus rare du continent, sont « en danger d’extinction ». Quant aux léopards, s’ils sont encore abondants à travers toute l’Afrique, la réduction constante de leurs effectifs compromet également leur survie. « La destinée de ces carnivores emblématiques dépend inévitablement de la diminution des populations des espèces dont ils se nourrissent, de l’avancée de la frontière agricole et de notre capacité à les protéger des conflits qui en résultent », explique Claudio Sillero-Zubiri, président du Groupe de spécialistes des canidés de la Commission de la Sauvegarde des Espèces (CSE) de l’UICN. Ainsi, toutes ces espèces sont principalement menacées par le braconnage, la fragmentation de leur habitat et les conflits hommes-animaux au sein de ces milieux.

Grâce à un financement de 12 millions d’euros provenant de l’initiative B4Life de la Commission européenne, le nouveau projet SOS Faune africaine, piloté par le programme Save our Species (SOS) de l’UICN, visa à enrayer le déclin des lions, léopards, guépards, chiens sauvages et loups éthiopiens en soutenant, coordonnant et autonomisant les organisations et personnes travaillant à leur protection dans l’ensemble de leurs habitats naturels. Jean-Christophe Vié, directeur de SOS, affirme que « ce nouveau programme est une étape importante du parcours visant à aider les populations à renforcer leur résilience et à créer de la richesse en chérissant un héritage naturel unique. Il nous aidera à protéger les grands prédateurs africains en voie de disparition rapide ainsi que leurs principales espèces-proies et leurs vastes écosystèmes tout en soutenant les modes de subsistance des populations humaines. »

Un ensemble de projets de conservation dans l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne cherchera à résoudre les conflits hommes-animaux en développant des moyens de subsistance alternatifs pour les populations locales et en les impliquant dans la protection des espèces, par exemple dans le cadre de la lutte contre le braconnage. Ces actions viseront également la survie des espèces-proies telles que les antilopes. « Il est reconnu que les grands carnivores ont un rôle et une importance essentiels pour la protection des équilibres fragiles d’écosystèmes entiers, déclare Roberto Ridolfi, directeur pour la croissance et le développement durable à la direction générale de la coopération internationale et du développement de la Commission européenne. Pourtant, les pressions croissantes qui s’exercent sur les ressources en terres et en eaux aboutissent à des conflits entre l’homme et les animaux, puis à la dégradation irréversible de territoires entiers. L’implication des communautés locales en tant qu’acteurs en première ligne de la conservation des espèces carnivores menacées est d’une importance cruciale et s’est avérée une clé du succès longtemps sous-estimée lorsqu’il est question de développement durable et d’efficacité. »

Au long-terme, le projet SOS Faune africaine espère faire augmenter les effectifs des populations de carnivores et de leurs proies ainsi que la superficie de leur habitat viable. Dès à présent un appel à propositions de projet de conservation est ouvert pour les organisations de la société civile.