L’analyse d’excrément, une méthode rapide et efficace pour élaborer des stratégies de conservation

Photo d'illustration ©Andie Ang - Wikimedia

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Trois espèces de Semnopithèque malais, singes évoluant en Asie du Sud-Est ont été identifiées après une analyse ADN de matière fécale d’après une étude publiée par Scientific Reports. Cette expérience ouvre la voie à de nouvelles stratégies de conservation

Beaucoup d’espèces de mammifères sont touchées par la perte rapide de leur habitat, ce qui crée un besoin urgent de réévaluer l’état de conservation des populations en question. Seulement, pour un certain nombre de ces espèces et sous-espèces, les données manquent. Une étude publiée par Scientific Reports montre comment le séquençage de l’ADN fécal est un outil encore sous-utilisé mais efficace pour accélérer l’évaluation des espèces. En plus d’extraire de l’ADN, l’analyse des excréments permets aussi d’en apprendre sur le régime alimentaire des espèces, sur leur flore intestinale et leur charge parasitaire.

Grâce à cette méthode, un groupe de scientifiques a pu confirmer la présence de trois nouvelles espèces de Semnopithèque malais, des singes vivant en Asie du Sud-Est. Auparavant considérées comme des sous-espèces, les nouvelles données confirme qu’elles sont toutes les trois des espèces à part entière. Cette nouvelle classification permet à deux d’entre elles de figurer sur la liste des espèces en danger critique d’extinction selon les critères de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). La troisième est considérée comme étant « quasi menacée ».

Les échantillons de matières fécales peuvent être recueillis lors des enquêtes de terrain, bien que la tâche ne soit pas toujours facile. Cependant, cette méthode a l’avantage de ne pas être trop invasive et surtout ne nécessite pas de capturer l’animal contrairement aux prélèvements sanguins, qui a tendance à porter atteinte au bien être des individus. Afin de réaliser les analyses, l’ADN a été extrait des échantillons fécaux à l’aide de kits disponibles dans le commerce. Le matériel génétique a ensuite été envoyé à une installation externe pour le séquençage. Les données comprenaient une petite quantité de l’ADN du singe et une petite quantité d’ADN de la nourriture que consomme le spécimen. Les informations permettent de comprendre l’écologie de l’espèce, ce qui s’avère essentiel pour créer des stratégies de conservation ciblées.