Une initiative citoyenne européenne pour interdire le commerce des ailerons de requin détachés du corps de l’animal a récolté plus d’un million de signatures à travers l’UE, obligeant Bruxelles à apporter une réponse détaillée d’ici juillet.
Lancée début 2020, avec le soutien de l’ONG Sea Shepherd, l’initiative avait recueilli mercredi 1.119.996 signatures, selon la Commission européenne. Elles ont été essentiellement récoltées en Allemagne (475.635), France (289.413) et Italie (70.688). « Nous entendons mettre un terme au commerce dans l’UE –y compris l’importation, l’exportation et le transit– des ailerons n’étant pas naturellement attachés à l’animal », indique le texte de l’initiative. « Bien que l’enlèvement des ailerons à bord des navires de l’UE soit déjà interdit (depuis 2013) et que les requins doivent être débarqués avec l’aileron naturellement attaché, l’UE figure parmi les plus grands exportateurs d’ailerons et constitue une importante zone de transit pour leur commerce mondial », insiste-t-elle. La pétition pointe « la rareté des inspections en mer », ainsi que « le transbordement et le débarquement illégaux d’ailerons », et réclame un nouveau règlement européen interdisant tout échange commercial d’ailerons de requins ou raies détachés du corps de l’animal. Les promoteurs de l’initiative vont rencontrer des représentants de la Commission « dans les prochaines semaines » et la présenter au Parlement européen. La Commission a jusqu’au 11 juillet pour présenter sa réponse : proposer un nouveau texte législatif, d’autres mesures, ou ne pas agir — en expliquant pour quelles raisons. Cette initiative intervient après la décision historique adoptée en novembre au Panama par la conférence sur le commerce international des espèces menacées (CITES), visant à protéger une cinquantaine d’espèces de requins menacés par le trafic de leurs ailerons en Asie. Ce commerce, centré autour de Hong Kong, dépasse le demi-milliard de dollars par an (environ 465 millions d’euros). Les ailerons peuvent se vendre 1.000 dollars le kilo en Asie orientale pour confectionner des soupes très réputées de la gastronomie chinoise traditionnelle. Or, « l’UE exporte près de 3.500 tonnes d’ailerons par an, pour une valeur totale d’environ 52 millions d’euros », et faute de contrôles suffisants, « personne ne peut dire combien d’ailerons sont encore débarqués illégalement en Europe », font valoir les organisateurs de l’initiative. Il s’agit de la huitième initiative citoyenne européenne à franchir le seuil d’un million de signatures provenant d’au moins 7 Etats membres, double condition pour qu’elle soit formellement étudiée par l’exécutif européen. Les précédentes initiatives réussies concernaient notamment la protection des abeilles, l’élevage en cage ou le glyphosate.