Une vaste étude va être lancée en avril sur les mécanismes de pollution par le plastique dans le Rhône, de sa source jusqu’aux rejets en mer, où 80% des déchets viennent des fleuves, principalement sous forme de micro-plastiques.
Le projet Plastic-Rhône est piloté par la start-up Plastic@Sea avec notamment le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et plusieurs laboratoires universitaires (Toulouse, Perpignan, Sorbonne Université), qui auront le soutien de la Compagnie nationale du Rhône (CNR), gestionnaire du fleuve Rhône, et de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. « Dans nos océans et mers, les prévisions actuelles estiment que la masse de plastique deviendra équivalente à la quantité de poissons d’ici 2050. En Méditerranée, on prévoit que la concentration de plastique augmentera de 8% d’ici 2030, alors que les concentrations de micro-plastiques y sont déjà très élevées« , indiquent les acteurs de l’étude dans un communiqué commun.
Dans les fleuves, la majorité des plastiques est déjà sous forme de micro-plastiques impossibles à collecter, véritables « éponges à polluants » avec un effet délétère sur la faune des grands fleuves et des océans. Face à cela, l’étude vise à la « sensibilisation et l’amélioration des connaissances scientifiques sur la pollution plastique pour la préservation de l’environnement et de la biodiversité aquatique et marine« . Le projet doit se dérouler en deux ans et trois étapes sur le Rhône, colonne vertébrale du grand bassin hydrographique Rhône-Méditerranée. Dans un premier temps, les chercheurs étudieront la pollution plastique dans son ensemble sur cinq points stratégiques le long du fleuve, avec notamment des prélèvements de macro-déchets sur les berges.
Ensuite, l’étude visera à « comprendre la fragmentation des macro-plastiques en micro et nano-plastiques« . Des débris de plastiques de différentes tailles et à divers degrés de vieillissement seront disposés dans des nasses le long du delta du Rhône – dans des zones à différents taux de salinité – et leur degré de fragmentation sera suivi pendant deux ans pour comprendre l’évolution de leur état en fonction des variations saisonnières et annuelles. Enfin, le projet devra estimer les flux de plastiques du fleuve vers la mer en fonction du débit du fleuve, afin de contribuer à « la calibration de modèles théoriques, mais aussi de mieux prédire les flux de plastiques tout au long de l’année, et particulièrement durant des évènements de crues« .