Trois questions à Jonathan Rodrigues, Maire-adjoint d’Epernay, chargé du développement durable et de la citoyenneté
ANES : La ville d’Epernay a reçu le prix « Citoyenneté » aux 27ème Trophées des Eco-actions, organisés par l’Association des Eco-maires, pour une initiative intitulée « Le chemin des abeilles ». De quoi s’agît-il ?
Jonathan Rodrigues : C’est une première, pas au monde parce que la vile d’Oslo nous a précédés, mais en France. Le chemin des abeilles, c’est une carte interactive, hébergée sur le site de la commune, que tous les citoyens, les entreprises, sont invités à faire vivre, à alimenter, en y indiquant par des pictogrammes les ruches, les habitats, et les plantes propices aux abeilles et aux autres pollinisateurs. Il s’agît évidemment de constater ce qui existe, mais aussi d’inciter les citoyens à développer ces zones favorables aux abeilles. Sur le site, on peut retrouver une liste des plantes mellifères adaptées à notre territoire du nord-est de la France, en sorte que ceux qui jardinent puissent les choisir prioritairement. Dans certains cas, d’ailleurs, des citoyens nous disent « ah mais telle plante j’en ai déjà, je ne savais pas qu’elle était bonne pour les abeilles ! ». Evidemment, cela constitue une porte d’entrée pour parler, plus largement, de biodiversité faunistique ou floristique. Si vous plantez des mellifères, ce n’est pas pour utiliser à côté du Roundup ou d’autres pesticides ! C’est une bonne façon d’enclencher un cercle vertueux !
ANES : Que vous apporte le Trophée que vous avez reçu ?
Jonathan Rodrigues : Un fort encouragement à poursuivre et amplifier cette action particulière, mais aussi toutes celles que nous avons mises en place sur la biodiversité sur le territoire de la commune : fauchage tardif, zéro phyto dans les espaces verts depuis 2012. L’opération « Chemin des abeilles » a été lancée en juin 2017, c’est donc très récent. Nous allons la relancer ce printemps, et le prix nous donne un sérieux coup de main ! C’est aussi très motivant pour tous les agents de la commune, et pour toutes les entreprises qui ont mis la main à la pâte. Mumm-Perrier-Jouët, par exemple, a organisé une journée au cours de laquelle 450 salariés ont planté des espèces mellifères, ont récolté des plantes remises aux Sparnaciens, etc. Et puis, cela va peut-être inciter d’autres communes à nous imiter.
ANES : Exporter votre initiative, c’est votre objectif ?
Jonathan Rodrigues : Une « trame jaune » du nord-est au sud-ouest de la France, ce serait génial, non ? Si d’autres communes nous contactent, nous mettrons très volontiers à leur disposition le savoir-faire que nous avons acquis. A elles de voir si elles copient strictement ce que nous avons fait, ou si elles s’en inspirent seulement pour développer leur propre projet. Mais notre objectif, c’est surtout de continuer à développer nos actions en faveur de la biodiversité. Nous allons réaliser prochainement un inventaire de la faune et de la flore sur notre territoire, peut-être dans le cadre d’une démarche d’Atlas de la biodiversité communale (ABC). Sur le Mont-Bernon, nous avons installé des panneaux pédagogiques pour informer les citoyens sur la biodiversité, nous avons installé une mare… Epernay, vous le savez, est la capitale du champagne. Nous travaillons avec la nature, nous vivons grâce à elle. Nous devons donc impérativement la préserver !
Propos recueillis
par Jean-Jacques Fresko