🔻 Le déclin des populations de requins laisse un « trou croissant » dans la vie océanique

Photo d'illustration © Eychenne de Pixabay

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La surpêche a infligé des pertes de plus 70% sur la population de certains requins et raies au cours du dernier demi-siècle, laissant un « trou béant et croissant » dans la vie océanique, selon une étude rendue publique mercredi 27 janvier.

Le déclin de certaines espèces, comme le requin-marteau ou la raie manta, est remarquable. Parmi les plus touchées se trouve le requin océanique qui est au bord de l’extinction. Prisé des pêcheurs pour ses ailerons, il est aussi victime de techniques de pêche non sélectives. Sa population a chuté de 98% en 60 ans. « C’est un déclin pire que celui de la plupart des grands mammifères terrestres, et proche ou égal à celui de la baleine bleue« , explique à l’AFP le professeur Nick Dulvy, du département des sciences biologiques de l’Université canadienne Simon Fraser.

Son équipe a récolté et analysé les données leur permettant de dresser un état global de 31 espèces de requins et de raies. Ils en concluent que les trois quarts des espèces étudiées sont menacées d’extinction. « Nous savions que la situation était mauvaise dans de nombreux endroits mais elle provenait de plusieurs études et rapports, il était donc difficile d’avoir une idée de la situation globale« , explique à l’AFP le scientifique Nathan Pacoureau, qui a cosigné l’étude parue dans Nature.

« Nous montrons des déclins prononcés et un risque croissant rapidement d’extinction pour de larges espèces dans les habitats les plus grands et les plus reculés de la planète, qu’on croit souvent protégés de l’influence humaine« , dit à l’AFP M. Pacoureau, lui aussi à Simon Fraser. L’étude pointe du doigt la surpêche et une faible protection de ces animaux, en appelant à des restrictions plus grandes et une meilleure application des règles existantes. Les chercheurs remarquent que le déclin des espèces n’est pas toujours irréversible si l’on engage des efforts de conservation. L’étude s’est concentrée sur les requins océaniques et les raies vivant avant tout dans l’océan, et en a dégagé une tendance claire: « Les données révèlent un trou béant et croissant dans la vie océanique« , selon M. Pacoureau.

Pour 18 espèces pour lesquelles ils disposaient de plus de données, les chercheurs  concluent à une chute des populations de plus de 70% depuis 1970. M. Dulvy estime que ce chiffre était sans doute similaire, voire pire, pour d’autres raies et requins océaniques, mais sans pouvoir l’affirmer faute de suffisamment de données. Ces résultats ont même choqué des experts, selon M. Pacoureau. Trois de leurs espèces sont à un stade critique avec une population ayant baissé de plus de 80% : le requin océanique, le requin-marteau halicorne et le grand requin-marteau. Les populations de requins et de raies sont particulièrement à risque d’effondrement parce que ces animaux grandissent lentement et se reproduisent peu.

Selon l’étude, il y a eu un doublement en cinquante ans de l’utilisation de palangres et filets de senne (un filet de surface) qui capturent la vie marine sans discrimination. Les organismes régionaux réglementant les entreprises de pêche internationales « n’ont pas inscrit la protection des requins et des raies comme une priorité« , dit le Pr Pacoureau. En appelant à une interdiction de capture des espèces menacées et à des limites pour celles qui le sont moins. « Des mesures de protection peuvent empêcher un effondrement des populations. Et nous savons que ça marche« , dit-il en prenant l’exemple du retour du grand requin blanc dans les eaux américaines après l’application de règles de protection. Selon le Pr Dulvy les simples citoyens peuvent jouer un rôle en pressant les gouvernements de respecter leurs engagements nationaux et internationaux. « Où que vous le puissiez, exigez de votre gouvernement qu’il fasse attention aux requins« , dit-il.

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