Un récent article publié dans la revue BioScience résume les développements qui ont rendu plus accessible la surveillance et la conservation génétique des espèces, un pilier phare, mais souvent oublié de la biodiversité.
La diversité génétique correspond à la diversité au sein des espèces. Elle sous-tend l’adaptation et la survie des espèces, la résilience des écosystèmes et l’innovation sociétale. Pendant longtemps, ce pilier phare de la biodiversité a été mis de côté en raison du manque de connaissances dans des domaines clés. Depuis une dizaine d’années, de nombreuses avancées en matière de technologies, de base de données et de pratiques ont été faites, ouvrant la voie à une meilleure intégration de la diversité génétique dans les instruments politiques et les efforts de conservation. Une récente étude publiée dans la revue BioScience résume les développements de cette dernière décennie qui ont rendu plus accessible la surveillance et la conservation génétique des espèces.
Les auteurs expliquent que la surveillance de la diversité génétique nécessite trois piliers qui se complètent et se renforcent mutuellement : des indicateurs applicables à l’échelle mondiale et fondés sur des approximations raisonnables de la diversité génétique, des normes et des infrastructures améliorées, et une surveillance par l’ADN techniquement réalisable et abordable. Sur la base de connaissances environnementales, démographiques et géographiques, des scientifiques ont proposé trois indicateurs pour évaluer, surveiller et conserver le potentiel d’adaptation et la résilience génétique des populations.
Un premier indicateur relevé par les chercheurs est la proportion de toutes les populations qui sont suffisamment grandes pour maintenir la diversité génétique. Les populations qui maintiennent une taille effective de population – une mesure reflétant le taux d’érosion génétique – supérieure à 500 devraient conserver une variation adaptative substantielle pendant de nombreuses générations. Le deuxième indicateur est le nombre de populations conservées dans l’ensemble. La prévention des pertes de population peut aider à maintenir des variantes génétiques uniques et adaptées localement, ce qui permettra aux espèces un plus grand potentiel évolutif pour l’avenir. Le dernier indicateur mentionné est le nombre de populations faisant l’objet d’un suivi de la diversité génétique. La collecte de connaissances sur la diversité génétique in situ et ex situ peut continuer à éclairer les actions de conservation comme elle l’a fait dans des centaines de cas (par exemple, pour identifier les populations vulnérables ou particulièrement précieuses, optimiser les translocations, résoudre la taxonomie des espèces et estimer la connectivité entre les populations).
Les auteurs de l’étude précisent que des pratiques, des normes et des infrastructures sont mises en place pour évaluer les changements génétiques pertinents grâce à une surveillance basée sur l’ADN plus accessible et plus abordable. Les indicateurs un et deux doivent être complétés par une surveillance génétique ; l’analyse directe de l’ADN des individus et des populations au sein des espèces au fil du temps est le moyen le plus précis d’évaluer l’état de la diversité génétique. Les évolutions observées rendent possible la surveillance à grande échelle de ce pilier de la biodiversité. Les données génétiques adhèrent de plus en plus aux principes FAIR – selon lesquels les données doivent être trouvables, accessibles, interopérables et réutilisables – ce qui signifie que les données collectées pour la recherche fondamentale peuvent être réutilisées pour la conservation, et vice versa.
Les 28 participants à l’étude issus de 16 pays invitent les nations à élaborer des programmes solides de surveillance de la diversité génétique et à prendre des engagements formels pour la conserver, soutenant que la diversité génétique mérite la même attention et les mêmes efforts que les espèces et les écosystèmes.