🔻 Des îles désormais englouties ont permis à la faune sud-américaine de coloniser les Antilles

Photo d'illustration © orythys-de-Pixabay

2005
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Selon des scientifiques du CNRS, des terres émergées ont permis à certaines espèces de migrer d’Amérique du Sud vers les Antilles, avant de disparaître sous les flots pendant des millions d’années.

Des fossiles d’animaux terrestres des Antilles, notamment de mammifères et de batraciens, ont leurs plus proches parents en Amérique du Sud. La traversée de la mer des Caraïbes depuis l’Amérique du Sud a donc été possible. Mais comment ? Les traversées à la nage étant une théorie à écarter, plusieurs centaines de kilomètres séparent le continent sud-américain des Antilles, la dispersion de cette faune a été attribuée soit à des radeaux naturels sortis des fleuves en crue du continent, soit à l’existence de ponts terrestres qui seraient aujourd’hui submergés. Un projet scientifique impliquant des géologues, des paléontologues et des géophysiciens du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), de l’Université des Antilles, de l’Université de Montpellier et d’Université Côte d’Azur permet aujourd’hui de résoudre certains mystères liés à ces espèces terrestres présentes dans les Antilles.

Ces chercheuses et chercheurs ont reconstitué la géographie du Nord des Petites Antilles, sur les 40 derniers millions d’années. Dans une étude qui sera publiée en juin dans Earth-Science Reviews, ils ont montré que les mouvements des plaques tectoniques à la jonction entre les Petites Antilles, les Grandes Antilles et la ride d’Aves (une montagne sous-marine), ont plusieurs fois donné naissance à des archipels et des îles assez proches qui ont ensuite été englouties au cours du temps. « En plus des mouvements tectoniques, les cycles glaciaires-interglaciaires depuis 1,5 millions d’années (Quaternaire) ont favorisé l’apparition et la disparition d’archipels, indique le CNRS dans un communiqué. En effet, lors de ces cycles, le niveau marin baisse ou augmente en fonction du stockage de l’eau au niveau des calottes glaciaires ou bien de leur fonte (la durée de ces cycles étant de l’ordre de 100 000 ans). »

La formation de ces archipels a ainsi pu favoriser des connexions terrestres entre la ride d’Aves, les Grandes Antilles et les Petites Antilles. Ainsi, des calcaires éocènes à Saint-Barthélemy (Petites Antilles), renfermant des dépôts karstiques du Quaternaire, ont livré des restes d’Amblyrhiza, un rongeur géant récemment éteint, emblématique des Caraïbes. Les origines de ce rongeur remontent à plus de 35 millions d’années en Amérique du Sud. Les scientifiques vont désormais étendre leurs études vers le sud, entre la Guadeloupe et l’Amérique du Sud pour reconstituer la géographie passée de la totalité de la plaque Caraïbes, afin de définir plus précisément la nature des voies de dispersions des espèces terrestres entre les Amériques.

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