🔻 Des goélands affectés par des perturbateurs endocriniens

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Une récente étude du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) en collaboration avec la ligue pour la protection des oiseaux (LPO) analyse la présence de perturbateurs endocriniens dans l’organisme de goélands dans la Réserve naturelle nationale de Lilleau des Niges.

Sur l’île de Ré (Charente-Maritime), les oiseaux marins sont exposés aux perfluoroalkyles et polyfluoroalkyles (PFAS) qui sont des perturbateurs endocriniens. Il s’agit de composés fluorés utilisés depuis les années 1940 dans de nombreux produits du quotidien, que soit les emballages, les textiles ou les produits ménagers, ou encore dans des produits industriels tels que les isolants, la peinture ou les pesticides. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) explique dans un communiqué que ces substances persistent dans l’environnement « à tel point qu’on les qualifie de « polluants éternels ». Ils s’accumulent le long de la chaîne alimentaire jusqu’aux prédateurs supérieurs, tels que les oiseaux marins. À ce titre, les goélands constituent d’excellentes sentinelles de la pollution marine et littorale ». Les goélands de l’île de Ré ont été le sujet d’étude d’un groupe de chercheurs du Centre d’Études Biologiques du Centre de Recherche National (CNRS) de Chizé (Deux-Sèvres) et de la LPO. Ils ont récemment publié dans la revue Science of the Total Environment leur analyse sur la présence de PFAS dans l’organisme de goélands de la Réserve naturelle nationale de Lilleau de Niges, au nord de l’île de Ré.

L’étude a été menée sur 105 individus dont 27 Goélands marins (Larus Marinus), 44 Goélands bruns (Larus Fuscus Graellsii) et 34 Goélands argentés (Larus Argentus). Les recherches révèlent une présence importante des molécules PFAS dans les corps des oiseaux marins capturés puis relâchés, à l’exception du Goéland brun. Cette espèce migre une partie de l’année jusqu’en Afrique de l’ouest tandis que les autres restent sur le territoire français. Les résultats publiés dans la revue Science of the Total Environment relèvent des effets négatifs de ces substances chez les deux autres espèces : le goéland marin et le goéland argenté. Les chercheurs ont constaté que les goélands marins sont exposés à des niveaux de PFAS comparables à ceux des espèces fortement contaminées dans d’autres zones géographiques, et ce bien que les principales sources d’émission, qui sont les activités industrielles, soient absentes de la région. Une perturbation des niveaux d’hormones thyroïdiennes, essentielles pour le développement et le métabolisme énergétique, a également été observée. Les scientifiques notent qu’entre 2016 et 2018, les goélands montrent une tendance à la hausse de la concentration de ces perturbateurs endocriniens ce qui pourrait avoir un impact sur la viabilité des populations à court et long terme.

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