🔻Comment les primates réagissent aux changements climatiques

Photo d'illustration ©petto123 de Pixabay

2007
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Une étude publiée dans la revue Evolution montre comment le changement climatique a affecté des populations de primates folivores d’Europe.

À l’époque bien lointaine du Miocène (entre 23 et 5 millions d’années en arrière), l’Europe était un point chaud de biodiversité pour les primates. Il était possible d’y voir de nombreuses espèces d’hominoïdes (comme les gibbons et les grands singes actuels, nos plus proches parents), mais aussi de cercopithécoïdes (comme les macaques, babouins, colobes et guenons actuels) ou encore de pliopithécoïdes (un groupe frère des hominoïdes et des cercopithécoïdes, exclusivement fossiles). Seulement, vers la fin de cette période (il y a environ 10 millions d’années), le changement climatique entraînait l’émergence de nouveaux milieux : les forêts sont progressivement devenues des marais, des prairies ou encore des savanes. L’assèchement du climat est tenu responsable de la disparition d’une grande partie de la faune européenne de l’époque dont les pliopithécoïdes et les grands singes. Une étude publiée dans la revue Evolution s’intéresse à l’espèce Mesopithecus dans les Balkans, plutôt du genre terrestre qui avait une alimentation plus opportuniste que les autres colobinés.

Les chercheurs ont étudié l’alimentation de Mesopithecus en combinant deux approches : en premier lieu, la texture des micro-usures dentaires, qui permet d’estimer la nature des repas des derniers jours à semaines d’un animal à partir des traces microscopiques laissées à la surface de l’émail par les aliments. Ils relèvent que les textures des micro-usures dentaires indiquent bien un changement de comportement alimentaire, avec une plus grande diversité d’aliments qui coïncide avec l’extension de la savane pour Mesopithecus. Dans un second temps, les chercheurs ont étudié la topographie des dents (plus particulièrement leur relief et leur tranchant) pour inférer ce que ces primates étaient capables de manger et mieux comprendre leur évolution, indique le Centre national de recherche scientifique dans un communiqué présentant les résultats de l’étude.

Ils ont découvert que la morphologie des dents est également affectée par le changement environnemental qui se produit dans les Balkans à la fin du Miocène. Les tous premiers colobinés (Mesopithecus delsoni) étaient plus adaptés à la consommation de feuilles. Mais entre 8 et 7,5 millions d’années, c’est une seconde espèce plus adaptée à la consommation d’aliments résistants, tels que les graines ou les tubercules, et moins dépendante des feuilles qui se répand dans toute l’Eurasie (M. pentelicus). Les auteurs notent que les colobes d’Europe étaient vraisemblablement folivores eux aussi, avant que le changement climatique fasse disparaître les espèces les moins opportunistes au profit de celles qui le sont.

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