Une nouvelle étude montre que, outre son goût du sang prononcé, c’est une sensibilité accrue au virus Zika qui fait du moustique Aeades aegypti, une espèce globalement invasive, un vecteur puissant de la maladie.
Le virus Zika s’est répandu à travers la planète au cours de la dernière décennie, causant des millions d’infections, mais laissant par ailleurs un continent africain relativement épargné. Des scientifiques du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), de l’Institut Pasteur et de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) se sont intéressés au vecteur principal du virus Zika, le moustique Aedes aegypti.
Ce moustique originaire d’Afrique a donné naissance, il y a entre 5 000 et 10 000 ans, à une sous-espèce invasive dépendante de l’Homme, qui s’est répandue sur les autres continents au cours des derniers siècles. Le CNRS note dans un communiqué que « cette sous-espèce serait devenue un redoutable vecteur de virus (comme par exemple ceux de la fièvre jaune et de la dengue) à cause de sa préférence marquée pour le sang humain » et son mode de vie péri-domestique. Aujourd’hui, elle colonise de nombreuses villes intertropicales, aidée en cela par le changement climatique et les déchets humains.
En comparant expérimentalement quatorze populations sauvages de moustiques provenant de diverses régions du globe, « les chercheurs ont montré que l’efficacité de la sous-espèce invasive du moustique Ae. aegypti à transmettre le virus Zika n’est pas seulement due à la fréquence de ses contacts avec l’Homme lors des repas sanguins, mais également à sa sensibilité accrue à l’infection par le virus Zika« , ainsi qu’à sa capacité à se reproduire dans tout objet jeté contenant de l’eau.
Des expériences d’infection de souris ont par ailleurs révélé que les moustiques africains transmettaient un inoculum de virus plus petit que les insectes sud-américains, contribuant à apporter une explication à l’absence d’épidémie majeure du virus Zika en Afrique. La spécialisation humaine et la propagation ultérieure d’A. aegypti hors d’Afrique se sont donc accompagnées d’une augmentation de sa capacité intrinsèque à acquérir et à transmettre l’agent pathogène humain émergent, le virus Zika.