🆓 « I-écologie » : ce que le cyber-monde nous dit de la biodiversité (3 mn)

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Ou comment l’analyse des images vidéo du Tour-de-Flandre des 35 dernières années a permis de mettre en évidence les changements dans les périodes de feuillage et de floraison des arbres trouvés en arrière-plan des images.

Un nombre croissant de nos interactions entre nous et avec notre environnement se manifeste dans le domaine numérique. Il peut s’agir de nos publications sur les médias sociaux, de modèles de moteurs de recherche sur Internet ou de visites à différentes pages web. Bien que nous puissions souvent penser que la culture technologique d’aujourd’hui nous éloigne généralement de la nature, on peut trouver de tout nouveaux renseignements sur les animaux et les plantes dans ces vastes données en ligne en constante expansion.

Parmi ceux-ci, des données qui ne sont pas délibérément recueillies pour élargir nos connaissances écologiques, mais plutôt un sous-produit issu de notre besoin d’enregistrer nos vies, et essentiellement rester constamment connectés. Une production en quelque sorte liée à la nature, et qui constitue une nouvelle source d’information inattendue pour les écologues. Dans un article publié le 10 avril 2020 dans la revue Trends in Ecology & Evolution, un groupe de chercheurs internationaux dont Franck Courchamp (CNRS), a exploré ces options dans un nouveau domaine qu’ils appellent iEcology. Leur étude a cartographié ce nouveau domaine, ses possibilités, ses défis et ses orientations futures potentielles.

Fait important, les chercheurs décrivent iEcology comme « l’étude des modèles et des processus écologiques à l’aide de données en ligne générées à d’autres fins et stockées numériquement ». Plusieurs exemples mettent déjà en évidence le grand potentiel de telles approches pour accroître notre connaissance du monde naturel. Par exemple, l’exploration de la dynamique saisonnière du moment où les gens cherchent des espèces particulières dans Wikipedia peut mettre en évidence la véritable dynamique saisonnière des espèces. Une autre étude a analysé des photos en ligne (publiées par des internautes) d’oiseaux pique-bœuf et des divers herbivores sur lesquels ils se posent, ce qui a éclairé les interactions entre ces groupes d’espèces. Dans un autre exemple, une analyse des images vidéo du Tour-de-Flandre des 35 dernières années a permis de mettre en évidence les changements dans les périodes de feuillage et de floraison des arbres trouvés en arrière-plan des images.

Ivan Jarić (du Biology Centre of the Czech Academy of Sciences), l’auteur principal de la nouvelle étude, est très enthousiaste au sujet du potentiel de l’iEcologie. D’après lui, les gens sont préoccupés par notre besoin constant d’être connectés, et par l’abus potentiel de ces données en ligne. Cependant, avec iEcology, les chercheurs soulignent le bon côté de ce « déluge de données ». Il est maintenant possible d’en apprendre beaucoup sur l’endroit où vivent les espèces, quand elles sont actives de manières différentes et comment elles interagissent entre elles et avec leur environnement. L’iEcologie n’est pas considérée comme un substitut à l’écologie classique et de terrain très importante – mais plutôt comme un complément à celle-ci.

Selon Franck Courchamp, comme pour le monde naturel, il y a d’énormes quantités de données qui s’accumulent en permanence sur le net, et les chercheurs commencent seulement à en percevoir le potentiel, aussi vaste que varié. Alors que les algorithmes de recherche, de calculs et d’analyses sont de plus en plus performants, la seule limite semble être la créativité des chercheurs pour détourner les données existantes en source d’information supplémentaire sur le fonctionnement de la nature. Or, d’après lui, les écologues ne manquent pas de créativité.

D’après le Dr. Uri Roll (de l’Université Ben-Gurion du Néguev), un autre auteur de cet article, de telles approches présentent un grand potentiel de conservation. Des populations et des espèces entières d’animaux et de plantes disparaissent sous nos yeux à un rythme sans précédent. Dans bien des cas, avant même qu’elles puissent être enregistrées. Les scientifiques ont besoin de toute l’aide à disposition pour acquérir des connaissances écologiques et mieux comprendre comment nous affectons l’environnement. iEcologypromet de les aider sur tous ces fronts.

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