🔻 Haute mer : un havre de récifs coralliens… sans protection

Photo d'illustration © MW de Pixabay

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Une étude globale des récifs coralliens en haute mer a permis d’identifier 116 nouveaux récifs jusqu’à 2 km de profondeur. Les auteurs espèrent que ces riches écosystèmes seront mieux protégés par la législation internationale dans le futur.

La « Coalition des récifs coralliens en haute mer » avait été créée en Mai 2019 par un groupe de scientifiques et d’ONG dans le but de promouvoir des expéditions de recherche dans les fonds marins. La coalition étudie notamment les récifs de coraux des eaux profondes, dans l’espoir qu’à terme les données recueillies contribueront à convaincre les décideurs politiques d’accorder à ces écosystèmes mal connus une plus grande protection dans les négociations en cours du traité de protection de la haute mer, qui devrait être présenté d’ici à la fin de l’année. C’est dans ce cadre qu’est parue la première étude complète des récifs coralliens en haute mer, dans Frontiers in Marine Science, le 14 septembre 2020.

Des biologistes marins ont ainsi analysé plus d’un demi-million d’observations de coraux effectuées dans environ les deux tiers de l’océan en dehors des juridictions nationales. L’équipe a identifié 116 nouveaux récifs situés en haute mer. La plupart de ces coraux vivent entre 200 et 1200 mètres sous la surface, mais une poignée se trouve à plus de 2 kilomètres de profondeur. Les auteurs notent qu’il reste probablement beaucoup de coraux de haute mer à identifier, car les études ont généralement donné la priorité aux récifs proches du rivage. Toutes les données concernent des scléractiniaires, une famille commune de coraux durs qui construisent des récifs, et quelques-uns ont été observés à des profondeurs bien plus importantes que celles où on les trouve habituellement. La plupart des récifs ont été trouvés sur des monts sous-marins, des escarpements et des crêtes sous-marines dans les océans Pacifique et Atlantique, avec une petite minorité dans l’océan Indien.

L’étude, co-dirigée par Daniel Wagner, également coordinateur de la coalition et conseiller technique pour les océans à Conservation International, attire aussi l’attention sur la nécessité de coordonner les efforts de protection des coraux en haute mer. Elle souligne qu’un cinquième seulement des récifs d’eau profonde connus sont protégés contre la pêche, et qu’aucun d’eux n’est protégé contre les divers impacts du transport maritime. Les récifs profonds « sont parmi les plus mal surveillés de tous les écosystèmes océaniques« , notait la coalition lors de sa création en 2019, « et parce qu’ils ne sont protégés par les lois d’aucun pays, ils font partie des récifs les plus vulnérables et potentiellement surexploités sur Terre« .

La première expédition de la coalition devait partir dans le courant de l’année 2020 pour se rendre sur les monts sous-marins près de l’Île de Pâques, au large des côtes chiliennes où, selon le chef d’expédition Richard Pyle, ichtyologiste au Bishop Museum, les conditions devraient être représentatives des récifs coralliens de haute mer. Mais elle a été repoussée au début de 2022 en raison de la pandémie de Covid-19. Une deuxième expédition explorera un certain nombre de pentes le long des crêtes de Salas y Gómez, Nazca et Juan Fernández au large du Chili. Il y a deux décennies, une exploration dans la région avait permis de documenter des créatures qui n’ont été trouvées nulle part ailleurs.

Lire l’étude dans Frontiers