Comment prédire la réponse des grands carnivores à des scénarios de conservation ou de régulation ? Des scientifiques ont élaboré une méthode statistique pour cartographier et prédire les populations transfrontalières de grands carnivores dans le but de décrire et comprendre la dynamique de populations entières.
Les grands carnivores (ours brun, lynx boréal, loup gris et glouton) font leur retour en Europe depuis une cinquantaine d’années, ce qui entraîne des conflits d’intérêt avec les activités d’élevage, de chasse ou de tourisme qui se se tiennent dans les espaces où évoluent ces carnivores. Des scientifiques ont développé une méthode statistique originale pour cartographier et prédire les populations transfrontalières de grands carnivores afin de décrire et comprendre en détail la dynamique de ces populations. Cela permettra de guider la prise de décisions afin de faire cohabiter au mieux les animaux avec les activités en place dans les montagnes et forêts.
D’une part, le rétablissement des grands carnivores implique une récupération de leur rôle écologique le plus important, la prédation. D’autre part, les sociétés luttent pour réapprendre à vivre avec des prédateurs qui tuent le bétail, leur font concurrence pour la prédation du gibier et, à l’occasion, blessent ou tuent des personnes. Dans une étude publiée dans la revue scientifique PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America), des chercheurs ont présenté l’application d’un outil de suivi et de prévision spatialement explicite de la dynamique des populations d’animaux sauvages à des échelles pertinentes pour la gestion et la conservation. Ils ont analysé plus de 35 000 échantillons d’ADN de carnivores obtenus de manière non invasive (tels que des excréments), sur plus de 6 000 ours brun, loups gris et carcajous.
Avec les données récoltées, les scientifiques ont été capables de produire des cartes détaillées de la densité des populations de ces carnivores. Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont utilisé l’approche dites de capture-recapture qui permettent de corriger le nombre d’individus observés par la probabilité de détection que l’on estime grâce à l’identification et la recapture répétées des individus. Cela permet d’offrir de nouvelles perspectives sur les populations sauvages qui changent au cours du temps et ainsi favoriser la cohabitation avec les humains.