C’était un des plus grands mystères de la science : comment se déclenche, en Amérique du nord, la migration annuelle de centaines de milliers de papillons monarques ? Des scientifiques viennent de montrer qu’il s’agit de l’angle du soleil de midi.
Pendant plus de 20 ans, de 1998 à 2015, dans le cadre d’un projet de sciences participatives nommé Monarch Watch, des citoyens de toute l’Amérique du Nord ont marqué plus de 1,38 millions de papillons monarques alors qu’ils volaient vers le sud lors d’une des plus mystérieuses migrations de la nature. Il y a dix ans, des études en laboratoire et sur le terrain ont montré que ces papillons ont une horloge interne dans leurs antennes qui les aide à naviguer en se basant sur les mouvements horizontaux du Soleil. Mais personne ne savait quel était le déclencheur de leur périple, ni comment ils se déplaçaient au quotidien. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Aujourd’hui, les scientifiques qui recapturent les papillons marqués et analysent les données de leurs voyages ont découvert ce qui pourrait les déclencher : l’angle du soleil de midi – qui change avec le temps et à mesure que l’on se rapproche de l’équateur. Ce facteur environnemental semble également aider les monarques à chronométrer leurs voyages quotidiens. Pour chaque papillon marqué et recapturé, les scientifiques ont calculé l’angle du soleil de midi à l’endroit où s’est effectué le marquage. Ils ont découvert que la plupart des monarques prenaient leur envol lorsque l’angle du Soleil était d’environ 57° au-dessus de l’horizon à midi, peu importe où ils partaient. Il semble donc y avoir une fenêtre d’opportunité pour le vol, lorsque le Soleil de midi se trouve entre 57° et 48°.
Il semble aussi que les monarques continuent leur voyage en fonction de l’angle du Soleil. En analysant statistiquement où et quand le marquage a eu lieu, l’équipe a calculé que les papillons accélèrent d’environ 17 kilomètres par jour plus au nord à environ 47 kilomètres par jour à mi-migration. Puis, plus au sud, ils ralentissent jusqu’à 17 kilomètres par jour. Ce schéma suit la variation de l’angle du Soleil du nord au sud. Les scientifiques spéculent que les monarques qui commencent à migrer plus tard à l’automne – lorsque le Soleil est à un angle plus bas – ont moins de chances de s’en sortir. En effet les années où beaucoup de monarques ont débuté leur migration tardivement, très peu d’étiquettes ont été récupérées au Mexique et les populations y étaient moins nombreuses. Des données qui pourraient aider les écologistes à évaluer comment les facteurs externes – y compris le changement climatique – affectent les monarques lors de ce voyage périlleux.
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