Des chercheurs ont pu drastiquement améliorer l’espérance de vie de populations d’abeilles de laboratoires confrontées aux acariens parasites, en modifiant génétiquement une bactérie vivant dans leurs intestins.
Les abeilles domestiques du monde entier sont confrontées à une crise sans précédent. Depuis les années 1940, le nombre de ruches aux États-Unis est passé de 6 millions à 2,5 millions. Une combinaison d’acariens parasites – dont Varroa destructor, qui affaiblit les abeilles en se nourrissant de leurs réserves de graisse et leur transmet le virus mortel des « ailes déformées » -, d’agents pathogènes viraux et peut-être de pesticides est largement responsable. Aujourd’hui, des chercheurs américains s’appuient sur un allié inattendu dans la lutte pour rétablir les populations d’abeilles : une bactérie qui ne vit que dans leurs entrailles. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Les scientifiques ont amélioré la survie des abeilles en laboratoire et tué de nombreux acariens (par ailleurs résistants aux pesticides) qui les parasitaient en modifiant génétiquement cette bactérie pour pousser les acariens à détruire une partie de leur propre ADN. Ils se sont tournés vers un processus appelé « interférence par ARN ». L’ARN est un acide nucléique qui peut être recruté pour aider à « faire taire » du matériel génétique indésirable. En modifiant l’ARN pour qu’il corresponde à la séquence d’un gène indésirable, la capacité de la cellule à bloquer les gènes correspondants peut être activée. L’équipe de chercheurs de l’Université du Texas a cherché à recruter des bactéries vivant dans l’intestin de l’abeille pour produire de l’ARN qui ferait disparaître certains de ses propres gènes.
L’une de ces bactéries, Snodgrassella alvi, a pu être génétiquement modifiée pour qu’elle produise continuellement de l’ARN correspondant au matériel génétique que les scientifiques voulaient démanteler : des gènes essentiels à la survie de l’acarien parasite des abeilles. La bactérie a été donnée à des groupes de 20 abeilles avant exposition aux acariens ou au virus des « ailes déformées ». Résultat : les acariens avaient 70 % plus de chances de mourir sur les abeilles traitées que sur les abeilles non traitées.
De plus, lorsque les abeilles ont été infectées par le virus, elles avaient 36% plus de chances de survivre lorsqu’elles hébergeaient des microbes intestinaux dont l’ARN était ciblé par le virus que lorsqu’elles ne produisaient pas d’ARN. Reste désormais à établir l’efficacité de cette nouvelle approche dans des ruches d’élevage.
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