Une étude démontre que les marchés de consommation outre-mer pourraient être responsables de plus de la moitié de l’impact de l’expansion de la production de soja sur les espèces rares dans la région du Cerrado, au Brésil.
Une équipe comprenant des chercheurs du Royaume-Uni, d’Allemagne, de Suède, de Suisse, du Danemark et du Chili ont cherché à calcule la part attribuable aux consommateurs dans différents pays du monde de l’impact de l’expansion de la production de soja sur les espèces rares dans une des régions les plus riches en biodiversité au monde, la savane du Cerrado au Brésil. Leurs résultats, parus dans les Actes de l’Académie nationale des sciences (PNAS), montrent que plus de la moitié de l’impact (55 %) provient des aliments et autres produits consommés en dehors du Brésil, 22 % étant attribués à la consommation en Chine et 15 % à la consommation dans l’Union européenne. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Les chercheurs ont ainsi évalué ces impacts sur plus de 400 espèces végétales et animales fortement ou exclusivement dépendantes du Cerrado, qui abrite 5 % des espèces de la planète. Certaines espèces non endémiques mais charismatiques, comme le fourmilier géant, ont également été incluses. Ainsi ce dernier a perdu 86% de son habitat dans le Cerrado à cause de la consommation, au Brésil, en Chine et dans l’UE, de produits contenant du soja « incorporé », tels que la viande et les produits laitiers provenant du bétail nourri avec du soja. Des espèces encore plus dépendantes du Cerrado comme le Pic d’O’Brien et la Colombe aux yeux bleus sont dans une situation encore plus précaire. L’auteur principal Jonathan Green, du Stockholm Environment Institute (SEI) de l’Université de York, déclare : « Notre nouvelle méthode révèle des liens spécifiques entre les pays consommateurs, les commerçants, la production de soja et la perte d’habitat. Ce type de connaissances peut s’avérer inestimable pour aider les entreprises et les pays à s’approvisionner de manière plus durable et à investir dans une agriculture moins dommageable pour l’environnement. »
En effet, l’une des conclusions de cette étude est que, malgré l »attention portée par certaines entreprises et certains consommateurs au coût environnemental des produits, la nature complexe des chaînes d’approvisionnement internationales peut entraîner la perte de liens entre un produit et son empreinte environnementale. La méthode expérimentée par les chercheurs permettra désormais de savoir sur quelles entreprises et quels consommateurs échoit la responsabilité des nuisances environnementales. Toby Gardner, co-auteur de l’étude, souligne : « Ces résultats montrent qu’il est possible d’utiliser les ensembles de données existants pour voir à travers le réseau enchevêtré du commerce mondial, ce qui nous donne les informations détaillées dont nous avons besoin pour trouver des solutions. Nous espérons que cette méthodologie sera étendue à d’autres produits agricoles et écosystèmes dans un avenir proche. »
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