Les mammifères se déplacent moins face à la fragmentation de leurs milieux

Photo © pilica300-Fotolia

1913
⏱ Lecture 2 mn.

Une nouvelle étude montre que les distances parcourues par les mammifères dans les zones très anthropisées sont deux à trois fois moins élevées que celles parcourues dans des paysages plus naturels.

Une étude internationale vient de démontrer que l’anthropisation des milieux entraîne une réduction des déplacements de mammifères. Conduite à l’échelle planétaire, en collaboration avec 114 chercheurs, elle a examiné les données de localisation de 803 individus de 57 espèces de mammifères terrestres équipés d’appareils GPS. Ces données ont ensuite été croisées avec l’Human Footprint Index (HFI), un indice mesurant l’empreinte humaine, des zones de déplacement des animaux. Les résultats montrent que, sur une période de 5 à 10 jours, les distances parcourues par les mammifères dans les zones avec HFI élevé sont deux à trois fois moins élevées que celles parcourues dans des paysages plus naturels. « Cette réduction des déplacements dans les zones anthropisées pourrait s’expliquer par un changement de comportements des individus, lié notamment à une plus grande disponibilité des ressources en nourriture ou en eau, et à la fragmentation des paysages par la présence de barrières (routes, voies ferrées, etc.) » précise Björn Reineking, chercheur à l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), qui a participé à l’étude. Cette réduction de déplacements peut avoir des conséquences négatives sur les écosystèmes : « En se mouvant, cerfs, chevreuils et autres mammifères transportent des graines végétales vers les espaces où ils s’installent et contribuent ainsi à la biodiversité des écosystèmes », rappelle Björn. Le scientifique a participé à la construction d’un modèle virtuel permettant de simuler le comportement de déplacement d’une espèce face à des habitats fragmentés. Il a montré qu’une diminution du nombre d’habitats n’accroît pas nécessairement l’étendue des déplacements d’une population avant son installation dans un nouvel habitat. « Dans nos simulations, certains individus élisent domicile dans un habitat avant même de rencontrer un obstacle sur leur trajet » indique Björn.

Lire l’étude