Le CNRS explore l’évolution des forêts grâce à la génétique

Photo © Elisa Locci-Fotolia

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Le séquençage ADN de bois anciens de chênes permet de mieux comprendre la dynamique d’évolution des forêts.

Comment prédire l’avenir des forêts européennes face au changement climatique ? La génétique offre aujourd’hui de nouvelles perspectives pour étudier la dynamique d’évolution des peuplements forestiers, comprendre leurs mécanismes d’adaptation face aux changements environnementaux et ainsi faire des projections pour le futur. Une équipe de chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ont publié une étude sur le séquençage génétique de l’ADN de bois de chêne anciens (certains datant de près de 10 000 ans) en s’appuyant sur des techniques de pointe.

167 échantillons de bois archéologiques et subfossiles de chênes blancs, provenant de 26 sites européens (Allemagne, Danemark, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Slovénie et Suisse) ont été collectés. Mais qui dit séquençage, dit d’abord bonne conservation de l’ADN végétal. Dans un communiqué, le CNRS explique par quels moyens les scientifiques ont pu mettre la main sur les échantillons les mieux préservés. Ils sont allés les chercher dans l’aubier, la partie du bois située sous l’écorce qui est la moins sujette à être contaminée par des microorganismes. Alors que les restes de bois exposés à l’air (prélevés dans des structures archéologiques comme des piles de ponts) présentent un ADN détérioré, ceux immergés dans des environnements lacustres dépourvus d’oxygène sont propices à l’analyse. « Ces travaux constituent une première mondiale, ils soulignent la valeur des bois immergés comme source d’ADN de bois anciens, souligne le communiqué. […] Le séquençage de l’ADN préservé dans les bois anciens permettra d’ici peu d’accéder au génome des arbres qui survécurent aux dernières grandes glaciations et repeuplèrent ensuite l’Europe, il y a 12 000 ans environ, suite au réchauffement progressif du climat. » Dans une optique de gestion améliorée, cette méthode permettra peut-être de mieux comprendre la réponse évolutive des écosystèmes forestiers face au changement climatique.

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