Le mystère des mouches plongeuses du lac Mono ? Un scaphandre d’air

Photo © Steve Ryan

1955
⏱ Lecture 2 mn.

Des scientifiques ont percé le secret d’une mouche capable de plonger sans dommage dans l’eau d’un lac extrêmement salé de Californie : son corps s’enveloppe d’une bulle d’air protectrice.

Utilisant des caméras à haute vitesse, les scientifiques ont plongé des mouches Ephydra hians dans différentes solutions chimiques et découvert qu’elles créent une bulle d’air autour de leur corps, leur permettant de rester sèches et de sortir indemnes d’une immersion dans le lac Mono, une étendue d’eau extrêmement salé de Californie. Ses eaux sont trois fois plus salées que l’océan, elles sont riches en carbonate de sodium et en borax, utilisé comme détergent. Aucun poisson, ni vertébré ne peut survivre dans cet environnement aquatique toxique. Seules des algues et des bactéries y sont abondantes, ont précisé les chercheurs, dont les conclusions sont publiées lundi dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS). Pourtant, Ephydra hians s’y nourrit et y pond ses oeufs. Grâce à cette bulle –exemple de phénomène hydrofuge extrême– formée par une densité de poils supérieure à la moyenne des insectes qui, en plus, sont enduits d’une cire, ces petites mouches obtiennent cette « super-imperméabilité ».
« Ces mouches n’ont pas développé dans leur évolution un mécanisme nouveau et unique pour rester imperméables, elles ont amplifié les capacités normales dont sont dotés la plupart des insectes », a relevé le professeur Michael Dickinson, de l’Institut de technologie de Californie (Caltech), qui s’est lancé dans l’étude de cet insecte après l’avoir observé lors de vacances il y a 22 ans. Ces mouches ont également de grandes griffes sur leurs pattes, pour se déplacer sur les rochers immergés et résister à la force de flottaison de la bulle. Et cette dernière ne recouvre pas leurs yeux, leur permettant de voir clairement sous l’eau. Mais rincées avec du dissolvant pour enlever la cire de leurs poils, elles ont perdu leur capacité de former leur bulle ce qui a laissé penser que cette substance était la clé de ce phénomène hydrofuge. Les scientifiques ont par ailleurs expérimenté avec d’autres insectes, y compris des espèces proches de l’Ephydra hians : aucun n’a pu plonger dans l’eau du lac Mono sans être mouillé, et donc aucun n’a pu en ressortir. La prochaine étape pour les scientifiques sera probablement l’étude chimique de cette cire pour en déterminer la composition, a relevé M. Dickinson.