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Le criquet pèlerin est une espèce envahissante, très connue et redoutée pour les dégâts agricoles qu’elle peut causer à grande échelle. Les changements climatiques pourraient modifier son aire de répartition et constituer une nouvelle menace pour l’agriculture selon une étude publiée par des chercheurs du Cirad et de l’Inra.

Le criquet pèlerin est un ravageur majeur de nombreuses cultures et des pâturages au sein d’une vaste zone de près de 30 millions de km2 couvrant l’Afrique au nord de l’équateur, le Proche-Orient, et les péninsules arabique et indo-pakistanaise. Comme les autres locustes, le criquet pèlerin peut passer d’une phase solitaire à faible densité populationnelle pendant les périodes de récession (de calme), à une phase grégaire à forte densité populationnelle lors des invasions, pendant lesquelles ses bandes larvaires et essaims deviennent dévastateurs pour l’agriculture.

L’importance de ce ravageur a nécessité la mise en place d’une stratégie de prévention opérée grâce à de nombreux centres nationaux de surveillance et de lutte répartis dans la plupart des pays affectés. Ces dispositifs sont coordonnés à l’international par la FAO à Rome, qui dispose d’un service d’information chargé de suivre la situation sur l’ensemble de l’aire de répartition de l’insecte et d’effectuer des prévisions quant aux risques de pullulation et d’invasion. Ce système d’alerte et de prévention du risque a permis une réduction de l’ampleur des invasions dans la plupart des zones agricoles majeures.

Les changements climatiques en cours et à venir risquent de modifier plus ou moins profondément le risque acridien. C’est en effet en présence de conditions climatiques favorables (fortes pluies et températures) que démarrent les invasions à partir d’une aire de répartition plus restreinte et plus désertique.

Le criquet pèlerin comporte deux sous-espèces, l’une (la plus dangereuse actuellement d’un point de vue agricole) au nord de l’équateur, l’autre (moins connue) en Afrique australe. Les résultats des recherches montrent que, bien que les deux sous-espèces occupent, dans leurs zones de récession respectives, des climats différents, leurs niches environnementales ont été conservées au long de leur évolution. Ce conservatisme de niche implique que si le climat au sud de l’Afrique se rapproche de l’actuel climat du nord, la sous-espèce du sud pourrait devenir aussi dangereuse que sa cousine du nord. De plus, face aux changements climatiques, les projections réalisées suggèrent, à large échelle, que la sous-espèce du sud devrait voir sa distribution s’élargir.

La sous-espèce du nord devrait de son côté rencontrer des conditions d’aridité plus extrêmes qui pourrait contracter son aire de distribution globale pendant les périodes de rémission. Cependant, cette contraction concerne avant tout le cœur hyperaride du Sahara et exclut les aires grégarigènes du criquet pèlerin, d’où partent les premières bandes larvaires ou essaims d’ailés. Une autre conséquence du changement climatique plus inquiétante est la prédiction d’expansions locales aux marges de la répartition géographique actuelle, comme le Sahel côtier au sud.

Les auteurs de cette étude concluent que les pratiques et capacités de suivi et de gestion de ce ravageur devraient rester en place dans le nord de l’Afrique, et suggèrent une vigilance accrue sur les marges sud et nord de la distribution actuelle. En Afrique australe, la possibilité pour la sous-espèce du sud de constituer à l’avenir une menace plus importante pour l’agriculture devrait faire l’objet d’une attention particulière, notamment en ce qui concerne la capacité de grégarisation sous de nouvelles conditions climatiques.

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