Restauration de la nature: la droite européenne échoue à faire rejeter un texte clé

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La droite et l’extrême droite ont échoué  à faire rejeter en commission au Parlement européen un texte de loi visant à restaurer les écosystèmes dans l’UE, un sujet qui exacerbe les passions.

Ce texte, proposé en juin 2022 par la Commission, fixe des objectifs de restauration des terres et espaces marins endommagés et s’inscrit dans le Pacte Vert de l’UE pour le climat.  Après avoir participé aux négociations, le Parti populaire européen (PPE, droite), première force politique du Parlement, en a claqué la porte. Il exige désormais le retrait pur et simple d’un texte qui à ses yeux nuit à l’agriculture, la pêche et la sylviculture.  Les défenseurs du texte jugent cette opposition opportuniste, à un an des élections européennes.  Jeudi, un amendement déposé par la droite et soutenu par l’extrême droite pour rejeter le texte n’a pas obtenu de majorité en commission environnement, mais ce vote illustre les profondes divisions: 44 voix pour, 44 contre, aucune abstention.  Après plus de trois heures de votes très serrés, la session n’a pu aller à son terme et les travaux de cette commission reprendront le 27 juin.  Le texte sera ensuite présenté au vote des eurodéputés en séance plénière.  « On va voir comment le vote final se poursuit mais le vote de rejet a perdu et c’est le plus important », a déclaré à l’AFP Pascal Canfin (Renew) président de la commission Environnement, dont le groupe politique est lui même divisé sur le texte.   Ces derniers jours, M. Canfin avait accusé le chef de file du PPE, l’Allemand Manfred Weber, de faire pression sur les eurodéputés de droite et de les menacer « de représailles politiques » s’ils votaient en faveur du texte de loi.  « Si les gens avaient voté librement en conscience dans tous les groupes, je peux vous dire qu’il y avait une majorité très claire pour soutenir la loi sur la restauration de la nature », a affirmé M. Canfin à l’AFP.  Yannick Jadot (EELV) a dénoncé de son côté une droite « pathétique » qui « prétendait aimer la nature » mais « est dorénavant prête à la saccager pour s’aligner sur l’extrême droite ».  Esther de Lange, vice-présidente du PPE, a insisté sur les divisions au sein de la commission environnement sur un texte de loi déjà rejeté par les commissions agricultures et pêche fin mai. « Quand Frans Timmermans va-t-il comprendre le message ? », a-t-elle demandé, à l’adresse du vice-président de la commission.  Pour l’ONG WWF « il est encore temps de sauver cette loi »: « l’avenir des agriculteurs, des pêcheurs, des entreprises ou de l’économie repose sur la restauration des écosystèmes naturels ».

Quatre pays (Allemagne, Espagne, France, Luxembourg) ont cependant écrit conjointement à la présidence suédoise de l’UE pour lui faire part de leur « grande inquiétude » sur le fait qu’elle pourrait le retirer de l’ordre du jour.  « Nous considérons de la plus grande importance le fait que le Conseil puisse avoir l’opportunité de délibérer sur ce dossier afin de conclure sur l’orientation générale prévue », écrivent-ils dans ce courrier daté du 13 juin, portant l’en-tête du gouvernement allemand, consulté par l’AFP.  Le terme « orientation générale » fait référence à un accord politique des Etats européens.  « Nous utiliserons nos efforts diplomatiques communs pour soutenir une orientation générale. Nous sommes convaincus qu’il reste possible de conclure avec succès les négociations », écrivent les quatre pays signataires.