De l’usage des pesticides à la gestion des déchets, la possible suppression de centaines de lois de protection de l’environnement par le nouveau gouvernement conservateur, héraut de la dérégulation post-Brexit, suscite l’inquiétude des défenseurs de la nature.
Le gouvernement a présenté la semaine dernière un projet de loi visant à modifier ou supprimer des centaines de lois héritées de l’Union européenne d’ici fin 2023. Parmi les textes visés, quelque 570 encadrent la protection du climat et de la biodiversité selon des organisations environnementales. Ce projet « est une attaque contre la nature » a dénoncé l’influente société britannique pour la protection des oiseaux (RSPB). « Nous sommes en pleine urgence climatique. Alors pourquoi, au moment où nous avons le plus besoin de la nature et qu’elle a le plus besoin de nous, le gouvernement fait tout pour courir à notre perte? » Comme d’autres, la RSPB presse les Britanniques de contacter leur député pour stopper le projet. Selon le site de l’association, près de 70.000 personnes avaient déjà franchi le pas mercredi. Les défenseurs de l’environnement s’inquiètent aussi de la levée du moratoire sur la production de gaz de schiste annoncée la semaine dernière. « La nature est attaquée par une série de décisions dangereuses », a souligné le directeur des Wildlife Trusts, Craig Benett. « Le gouvernement veut une dérégulation qui va avoir pour conséquence encore plus d’excréments dans nos rivières (en raison des rejets des eaux usées, ndlr), moins de biodiversité et des terres incapables de s’adapter au changement climatique. » D’autres organisations s’alarment, elles, de la suppression possible de lois encadrant l’usage des pesticides. « Le Royaume-Uni revient en arrière » sur le sujet, a estimé mercredi BugLife, une association qui milite pour la protection des insectes. Le ministre de l’Environnement, Ranil Jayawardena, a qualifié de « simplement fausses » les accusations des organisations environnementales, assurant que Londres respectera ses engagements en la matière tout en « poursuivant la croissance » économique. Mais certains agriculteurs en colère ont quand même menacé de quitter la NFU, le principal syndicat agricole. Ce dernier soutient le projet gouvernemental alors qu’il prévoit de supprimer un « bonus » qui récompensait les fermiers gérant leurs terres de manière durable. Depuis son arrivée à Downing Street début septembre, Liz Truss a répété vouloir frapper fort en termes de dérégulation post-Brexit dans tous les domaines. Elle a notamment annoncé vouloir abolir les limites aux bonus des banquiers et veut selon la presse s’attaquer aux lois anti-obésité encadrant les ventes de sucreries.