« Une première en France » selon la Ligue de protection des oiseaux : un braconnier qui chassait des oiseaux protégés, notamment à la glu, a été condamné à un an de prison ferme à Toulon (Sud-Est), a-t-on appris mercredi auprès des avocats de la LPO et du chasseur.
L’Office français de la biodiversité (OFB) a salué une « sanction exemplaire », contre un homme qui détenait « dans ses congélateurs 75 rouges-gorges, une espèce protégée », et près de 2.000 pièges, lors de son interpellation par des inspecteurs de l’OFB. Le braconnier, un agriculteur retraité âgé de 76 ans et absent de son procès pour cause de maladie, a été condamné lundi à neuf mois de prison ferme pour « destruction d’espèce protégée », peine à laquelle s’est ajouté un sursis de trois mois, auquel ce récidiviste avait été condamné en 2014, a précisé à l’AFP Me Mathieu Victoria, conseil de la LPO, confirmant une information du quotidien régional Var-Matin.
Le chasseur sans permis a aussi été condamné à 5.000 euros d’amende et près de 20.000 euros de dommages et intérêts à verser aux parties civiles, dont la LPO et diverses organisations de défense de l’environnement. Outre les rouges-gorges, traditionnellement mangés en brochettes dans le Var, au prix de 20 à 40 euros la brochette, selon l’OFB, le braconnier pratiquait aussi la chasse à la glu pour une autre espèce protégée, le tarin des aulnes. Cet oiseau « est particulièrement recherché en raison de son plumage coloré », a rappelé l’Office de la biodiversité.
« On a voulu faire un exemple, on a tapé fort,a regretté l’avocate du braconnier, Me Elodie Gozzo. Elle a déploré un mépris des traditionset fait valoir que son client, une personne âgée, n’avait pas les mêmes références en termes d’environnement qu’une personne de 30 ans ».
Selon le directeur général de la LPO, Yves Verilhac, joint par l’AFP, cette peine de prison ferme constitue « une première en France pour les oiseaux protégés : La France est un des pires pays d’Europe pour le braconnage d’oiseaux, avec l’Italie et l’Espagne », accuse-t-il. « Après la destruction de leur habitat, la capture et la commercialisation sont des causes majeures du déclin de ces espèces dans la nature », a souligné de son côté l’OFB. La chasse à la glu est actuellement suspendue en France – le dernier pays de l’Union européenne à l’autoriser -, dans l’attente d’une décision de la Cour de justice de l’UE. En juillet, la Commission européenne a demandé une nouvelle fois à la France de mettre fin « à la chasse illégale et de réexaminer ses méthodes de capture d’oiseaux », pointant du doigt en particulier la chasse à la glu, pour les grives, et aux filets, pour les alouettes. Ces méthodes non sélectives de chasse sont interdites par une directive de 2009 sur la protection des oiseaux, sauf sur dérogations selon des conditions strictes « qui ne sont pas remplies » par la France. Pendant le week-end, à Marseille, l’Association des défenseurs des chasses traditionnelles a déploré la destruction de plusieurs postes de chasse sur les hauteurs de Marseille, notamment à la glu, dénonçant dans le quotidien régional La Provence l’action « d’écoterroristes ».