🔻 Des « nuisibles » pas encore tirés d’affaire

Photo d'illustration ©ajwetton de Pixabay

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Le Conseil d’État a annulé partiellement l’arrêté ministériel du 3 juillet 2019 qui classe les « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD, anciennement dénommés nuisibles) dans les départements français. Une victoire en demi-teinte pour les associations de protection de la nature.

Le Conseil d’État a rendu sa décision sur l’arrêté de classement des espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD, anciennement dénommés nuisibles), contre lequel plusieurs associations telles que France Nature Environnement (FNE), Humanité et Biodiversité ainsi que la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) avaient déposé un recours. L’arrêté du 3 juillet 2019 pris par le ministre de la Transition écologique concerne une dizaine d’espèces (mammifères et oiseaux) et autorise leur destruction par piégeage ou par tir dans certains départements. Cependant, le Conseil d’État a tranché et a jugé que ce classement n’était pas toujours justifié et a annulé l’arrêté en ce qui concerne le putois dans le Pas-de-Calais et la Loire-Atlantique, la martre dans l’Ain, la Moselle et les Hautes-Pyrénées, la pie dans le Loiret et le Val-d’Oise, l’étourneau dans le Val-de-Marne et le renard dans les Yvelines, l’Essonne, les Vosges et le Val d’Oise.

Il s’agit, selon les associations, d’une réelle victoire, en particulier en ce qui concerne le putois, inscrit depuis 2017 sur la liste rouge nationale des mammifères menacés établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), et dont l’état de conservation est jugé alarmant. Le putois souffre de la dégradation de son habitat (zones humides, bocages, haies), de la raréfaction de ses proies (lapins, amphibiens) et de sa destruction en tant qu’« ESOD ». Après deux ans de procédure, l’arrêt du Conseil d’Etat interdit désormais de tuer des putois à l’échelle nationale au titre de la régulation des « ESOD ». Il peut toutefois continuer d’être tiré en période de chasse, indique la LPO dans un communiqué.

Selon les ONG, certaines espèces ont cependant été laissées de côté. C’est notamment le cas des renards, dont des centaines de milliers d’individus sont tués en raison de leur classement ESOD. Dans son communiqué, la LPO explique avoir envoyé un courrier adressé à la Ministre de l’Écologie au mois de mai dans lequel elle demande de se baser enfin sur des données scientifiques, techniques et économiques sérieuses et d’envisager toutes les options non létales avant de prendre un nouvel arrêté macabre fixant la liste des espèces gênantes à éliminer aveuglément.