Des ONG ont demandé au gouvernement de ne pas accorder de dérogations pour l’utilisation des néonicotinoïdes aux betteraviers. De leur côté, les producteurs de maïs ont demandé de bénéficier des mêmes dérogations.
Dix-huit associations ont demandé au gouvernement de ne pas accorder de dérogations pour l’utilisation des néonicotinoïdes aux betteraviers, dénonçant un « recul important » dans la protection des abeilles. Dans un courrier adressé au ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, Générations futures, WWF, la Ligue de protection des oiseaux (LPO), la Confédération paysanne, l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF) ou encore Stop pesticides, l’appellent à « ne pas déroger à l’interdiction des néonicotinoïdes« . [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Le ministère de l’Agriculture a annoncé début août vouloir permettre aux planteurs de betteraves à sucre d’employer, « dans des conditions strictement encadrées« , un insecticide interdit depuis 2018 afin de protéger leurs cultures des pucerons verts, vecteurs du virus de la jaunisse, à la demande du syndicat spécialisé CGB, affilié à la FNSEA. Les néonicotinoïdes, qui s’attaquent au système nerveux des pollinisateurs comme les abeilles, essentiels à l’agriculture, ont été interdits de tout usage phytosanitaire en septembre 2018.
Pour les ONG, les arguments avancés pour une telle dérogation – manque d’alternatives à cet insecticide, impact limité car il est utilisé en enrobage de semence pour les cultures de betterave, ne tiennent pas. « Les plantes se trouvant à proximité des cultures traitées aux néonicotinoïdes sont largement contaminées, conduisant à une contamination importante du pollen ramené dans les ruches« , indiquent-elles. De plus, « les néonicotinoïdes sont persistants » et se retrouvent dans les sols, les cours d’eau, les nappes phréatiques, poursuivent-elles. Le manque d’alternatives à l’usage de néonicotinoïdes pour lutter contre le virus de la jaunisse est démenti par l’exemple des betteraves cultivées en bio, peu touchées par cette maladie, poursuivent-elles. Elles déplorent l’ouverture de « cette boîte de Pandore« , les producteurs de maïs ayant aussi demandé une dérogation. Une pétition demandant de ne pas accorder ces dérogations a déjà récolté 95.000 signatures, font-elles encore valoir.
De leur côté, les producteurs de maïs ont fait savoir qu’ils voulaient à leur tour bénéficier d’une dérogation pour utiliser des pesticides à base de néonicotinoïdes. « La maïsiculture est également en situation d’impasse totale pour lutter contre les mouches« , soutient dans un communiqué le syndicat des producteurs de maïs AGPM, branche spécialisée de la FNSEA. « Une recrudescence de ces ravageurs aurait des conséquences dramatiques pour les producteurs et les éleveurs qui comptent sur le maïs fourrage pour nourrir leurs animaux« , poursuit l’AGPM, demandant que « la voie dérogatoire pour l‘accès aux solutions efficaces » soit également « ouverte pour la culture du maïs« .
« La campagne 2016 a été marquée par de violentes attaques de mouches (mouches des semis, oscinies, géomyzes) qui avaient occasionné d’énormes dégâts sur plus de 40% des surfaces bretonnes avec des parcelles totalement dévastées. Et pour le taupin, premier ravageur du maïs, les solutions alternatives ne sont pas satisfaisantes« , affirme l’AGPM. « L‘interdiction anticipée des insecticides néonicotinoïdes sans réelle solution alternative est une folie« , plaide l’organisation.
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