Alors que le collectif de maires anti-pesticides a saisi de nouveau le Conseil d’État d’une demande de suspension en urgence des textes fixant les distances minimales entre zones d’épandage de pesticides et habitations, le gouvernement vient de débloquer 30 millions pour aider les agriculteurs à mieux épandre.
« Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, annonce l’ouverture d’un dispositif national destiné à accompagner les agriculteurs qui investissent dans des matériels performants, permettant de limiter les distances de traitement et de mettre en place des itinéraires techniques plus économes en produits phytosanitaires ».
Dans ce communiqué du ministère de l’Agriculture, les mots importants sont « permettant de limiter les distances de traitement ». Il s’agît en effet de permettre aux agriculteurs de s’affranchir des distances minimales, déjà très faibles, entre les zones traitées et les riverains. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Dotée d’un budget de 30 millions d’euros, cette aide à l’investissement s’inscrit en cohérence avec le nouveau dispositif mis en œuvre au 1er janvier 2020 pour « renforcer la protection des riverains » (dixit le ministère) lors de l’utilisation des produits phytosanitaires. Les utilisateurs de ces produits doivent mettre en place des zones de non traitement à proximité des lieux d’habitation, qui peuvent être réduites en cas d’utilisation de matériel performant, répondant à des normes techniques précisées réglementairement. Les 30 millions débloqués permettront justement de financer ce matériel dit « performant », donc d’épandre glyphosate et autres pesticides au pr-lus près des habitations. Les agriculteurs sont encouragés à déployer des chartes d’engagements en concertation avec les riverains, afin de décliner les modalités de mise en place de mesures de protection.
De son côté, le collectif des maires anti-pesticides, présidé par le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) Daniel Cueff, demande en urgence au Conseil d’Etat suspension en urgence des textes fixant les distances minimales entre zones d’épandage de pesticides et habitations, avançant « un lien probable» entre épandage et propagation du nouveau coronavirus, a appris l’AFP. Le collectif avait déjà saisi en janvier le Conseil d’État en urgence pour demander la suspension du décret et de l’arrêté du 27 décembre 2019 fixant les distances minimales entre l’épandage des pesticides et les habitations, jugées insuffisantes pour protéger les populations. Sans se prononcer sur le fond, la plus haute juridiction administrative avait estimé en février que la condition d’urgence n’était pas remplie. Selon ces maires, il existe des «liens probables entre les particules fines et la sensibilité au Covid-19»et le confinement «expose les habitants vivant à proximité des champs d’épandage à la pollution atmosphérique 24 heures sur 24».Ils soulignent en outre dans un communiqué qu’«une étude hollandaise met en lumière la présence d’une pollution pesticide sur une distance de 250 mètres». «Le virus fragilise les bronches des gens qui respirent des pesticides de synthèse, et de nouveaux éléments montrent qu’il serait accéléré par la présence de particules fines dans l’air»,a déclaré à l’AFP Daniel Cueff, qui revendique le principe de précaution.
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