Bruxelles veut prolonger l’autorisation du glyphosate pour 10 ans

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La question de l’autorisation de la substance herbicide glyphosate va être de nouveau soumise au vote des Etats membres, après une période de point mort.

En juin 2016, la licence du glyphosate, qui arrivait à son terme, avait été prolongée de 18 mois, faute de consensus entre les Etats membres. La Commission européenne n’avait notamment pas réussi à convaincre la France et Malte de renouveler l’homologation de l’herbicide. Finalement, les commissaires européens ont donné leur accord, le 16 mai dernier, pour « redémarrer les discussions avec les États membres sur un possible renouvellement de l’autorisation du glyphosate pour 10 ans », a indiqué à l’AFP une porte-parole de l’exécutif européen. La substance herbicide la plus répandue dans le monde, présente notamment dans le Roundup de Monsanto et dont l’utilisation demeure très contestée pourrait donc continuer à être commercialisée sur le long terme.

La décision de la Commission a été motivée par l’avis de l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) qui, en mars 2017, a confirmé que « la substance active ne devrait pas être classée comme cancérogène », mutagène ou toxique pour la reproduction, a précisé l’institution dans un communiqué. Toutefois, d’autres avis scientifiques divergent avec celui de l’Echa : en mars 2015, une étude du Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) avait identifié un risque cancérogène. De son côté, le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) considère le glyphosate comme « probablement cancérogène pour l’homme ». A ce jour, chaque État membre garde le droit d’autoriser ou d’interdire les pesticides à base de glyphosate sur son territoire.

Les eurodéputés socialistes ont fustigé cette décision, invoquant le « principe de précaution », et menacent de demander la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le sujet. Le député européen Verts Harald Ebner, quant à lui, affirme qu’« une nouvelle autorisation pour 10 ans sans restriction montre le peu de respect pour l’initiative citoyenne européenne (ICE) » lancée contre le glyphosate en février 2017 et qui a réuni en 4 mois près de 750 000 signatures demandant l’interdiction de la substance active.