Charente-Maritime: prison avec sursis et amendes pour trafic de civelles

Photo © Katterox-Fotolia

2057
⏱ Lecture 2 mn.

Le jugement procède du démantèlement d’un vaste trafic de ces alevins d’anguilles prisés des gastronomes, mais à la pêche strictement règlementée.

Des peines de six à 18 mois de prison avec sursis et des amendes de 1.000 à 5.000 euros ont été prononcées jeudi 14 décembre à Saintes contre quatre personnes pour trafic de civelles (alevins d’anguille), espèce menacée à la pêche strictement règlementée, mais prisée des gastronomes. Des peines de prison ferme avaient été requises à l’audience en novembre contre deux des cinq prévenus, jugés par le tribunal correctionnel de Saintes. L’affaire concerne un vaste trafic démantelé en 2014, et qui avait vu des civelles (appelées localement pibales) livrées notamment vers l’Espagne, où ce mets est très apprécié. Le tribunal n’a toutefois par retenu la circonstance de bande organisée. Une société implantée en Charente-Maritime, gérée par un Britannique, acheminait des civelles charentaises vers l’Angleterre, mais selon le gérant, uniquement à destination du marché –licite– du repeuplement de la civelle, et des programmes d’alevinage dans divers pays d’Europe (Pays-Bas, Allemagne, Pays Baltes, Espagne). Pour la période des faits, les exercices 2012-2013 et 2013-2014, la société-mère britannique avait ainsi importé plus de 5 tonnes de civelles, pour un chiffre d’affaires cumulé de 2,8 millions d’euros. Son gérant, qui a toujours affirmé qu’un éventuel trafic s’était développé à son insu, n’avait été au terme de l’instruction renvoyé que pour travail dissimulé de deux co-prévenus. Il a été relaxé. Les quatre autres prévenus, trois hommes et une femme, ont été condamnés à de la prison avec sursis et des amendes. Trois d’entre eux au moins avaient reconnu une collecte et un trafic marginal de civelles braconnées, notamment un couple de prévenus pour subvenir à leur besoin de toxicomanes. C’est d’ailleurs d’écoutes initiales dans un dossier de stupéfiants qu’était partie l’enquête. Une demi-douzaine de fédérations de pêche et d’associations de défense de l’environnement, parties civiles, se sont vu octroyer un euro de dommages et intérêts.

La civelle est l’alevin de l’anguille européenne, espèce migratoire classée vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Sa pêche, très réglementée, nécessite une licence spécifique et est soumise à des quotas définis annuellement, aux fins de consommation ou de repeuplement. Sa vente hors de l’Union européenne est interdite, mais une très forte demande existe en Asie, et le procès de Saintes a d’ailleurs entendu que le dossier comportait des prémices d’exportation vers l’Asie. Le prix de la civelle peut atteindre 200 euros le kilo à la sortie de l’eau, jusqu’à 600 euros le kilo en bout de chaîne.