Le projet de loi de finances 2021 est « pour la première fois » un « budget vert« , a assuré lundi 28 septembre le gouvernement, une affirmation mise en cause par les ONG qui dénoncent une transition écologique « plus lointaine et plus floue que jamais« .
Emmanuel Macron s’était engagé lors du One Planet Summit de décembre 2017 à ce que la France présente, au côté du budget annuel traditionnel, un budget vert, c’est-à-dire une évaluation de l’ensemble des dépenses budgétaires et fiscales en fonction de leur impact sur la planète. Pour ce nouvel exercice, le gouvernement a retenu six critères: lutte contre le réchauffement, adaptation au dérèglement climatique et prévention des risques naturels, gestion de la ressource en eau, économie circulaire et gestion des déchets, lutte contre les pollutions, et protection de la biodiversité.
Les 488,4 milliards d’euros de dépenses ont été passées à travers ces filtres. Plus de 90% d’entre elles sont considérées comme neutres, c’est-à-dire comme n’aggravant ni n’améliorant la situation existante. Selon les chiffres publiés par le gouvernement, 42,8 milliards d’euros sont décrits comme des dépenses « vertes« , favorables à l’environnement sur au moins un des six critères (et défavorable sur aucun). Par exemple: développement des énergies renouvelables, taxes affectées aux agences de l’eau, ou partie « écologie » du plan de relance.
A l’inverse, 10 milliards sont jugés défavorables pour l’environnement (baisses de taxes sur les carburants, dépenses en faveur du transport aérien..). Et 4,7 milliards sont classés « mixtes« , ayant un impact positif sur un critère et négatif sur un autre. « Aucune autre Nation ne le fait. La France est pionnière, elle accélère en matière de transition écologique en présentant ce premier budget vert« , s’est félicité le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. « Les dépenses vertes vont augmenter de près de 30% et les dépenses brunes (défavorables à l’environnement) vont diminuer de près de 10% » par rapport à 2020, a-t-il ajouté. Le ministre a reconnu que certaines dépenses du budget « continuent à avoir un impact soit défavorable, soit ambigu, sur l’environnement« , tout en assurant qu' »aucune mesure du plan de relance n’est défavorable à l’environnement« .
Pour les ONG de défense de l’environnement, ce budget est loin d’être suffisant pour répondre aux besoins de la transition écologique. « Après la douche froide du Plan de relance vert pâle (…), le projet de loi de finances n’apporte aucune avancée significative sur les chantiers prioritaires de la transition écologique et solidaire« , comme la baisse des aides aux énergies fossiles ou la rénovation énergétique, a commenté le Réseau Action Climat. « Le gouvernement prend prétexte de la crise économique pour multiplier les chèques en blanc aux grandes entreprises polluantes et reporter à plus tard l’effort climatique, nous piégeant dans une trajectoire climatique toujours plus hostile à la vie humaine« , a dénoncé Clément Sénéchal, de Greenpeace France.