Offrir une queue de loup à une préfète en partance : c’est le « geste politique » qu’a revendiqué mercredi le président des Hautes-Alpes, département où les éleveurs font face à une prédation importante de la part de cet animal protégé.
« C’est un clin d’œil que j’ai voulu faire et un geste fort : les préfets passent, le loup reste et les éleveurs sont toujours aussi désespérés », a déclaré à l’AFP Jean-Marie Bernard (LR). Cinq jours plus tôt, lors de la cérémonie de départ de Cécile Bigot-Dekeyzer, nommée dans les Landes, M. Bernard avait remis à la représentante de l’Etat une queue de ce canidé, désormais bien implanté dans la région. Selon les éleveurs des Hautes-Alpes, le loup a tué environ 1.500 moutons en 2019 dans ce département. « La prédation du loup est toujours une grande préoccupation et les mesures déployées ne sont pas suffisantes pour permettre un pastoralisme digne ce nom », a poursuivi l’élu de ce département rural, avant de rappeler qu’il avait déjà offert une queue de loup au précédent préfet, Philippe Court. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Le parquet de Gap a indiqué avoir reçu ce mercredi une plainte de l’association France nature environnement contre M. Bernard et contre X pour « détention et produit d’une espèce protégée ». L’association Ferus, qui œuvre pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs (ours, loup, lynx), a indiqué à l’AFP vouloir faire de même pour « connaître la provenance » de cette queue de loup et le cas échéant « porter plainte ». En effet, « le loup est une espèce protégée et il est illégal de transporter sa dépouille, ou une partie, sans autorisation et à fortiori d’en disposer pour en faire un +cadeau+ »,a rappelé Ferus. L’association se dit « atterrée de voir cette pratique d’un autre âge dans un pays développé au 21e siècle, de la part d’un élu qui ne serait pas au courant de l’actuelle grave crise de la biodiversité ? »
Jean-Marie Bernard n’entend pas dire qui lui a donné cette queue. « Le geste est fait. Je le revendique et je l’assume. Devant la justice si elle n’a que ça à faire »,a-t-il affirmé à l’AFP. La détention, la cession, le transport ou le colportage de tout ou partie d’une espèce protégée est puni d’une peine d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende par les articles L. 411-1 et L. 415-3 du code de l’environnement.
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