Le gouvernement s’inquiète des échouages de dauphins sur la côte atlantique (2 min 30)

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Les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture ont annoncé des mesures de mitigation des interactions fatales entre la flotte de pêche française et les mammifères marins. 

Les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture ont mis en place en avril 2017 un groupe de travail national sur la thématique de l’échouage hivernal de centaines de dauphins sur la côte atlantique, promettant de renforcer les mesures pour limiter les captures accidentelles par les pêcheurs. « Face à ce phénomène inquiétant des échouages de dauphins morts en grand nombre, nous devons redoubler d’efforts, a récemment commenté le ministre de la Transition écologique François de Rugy dans une déclaration transmise à l’AFP. Plusieurs actions sont déjà en cours mais nous devons aller plus loin« , a-t-il ajouté, assurant qu’il prendrait « bientôt » avec son homologue de l’Agriculture « de nouvelles mesures concrètes ». La plupart des dauphins retrouvés morts présentent des traces de capture accidentelle par la pêche. Face à ce constat, plusieurs mesures ont été mises en place depuis le 1er décembre et jusqu’à fin avril 2019 pour limiter ces captures accidentelles, précisent les deux ministères dans un communiqué commun. L’une consiste à améliorer les connaissances sur les interactions pêcheurs-mammifères marins, en marquant les dauphins rejetés en mer pour connaître le taux d’échouage et en augmentant l’observation embarquée par des observateurs du programme OBSMER. Les navires de la flottille française pratiquant la pêche au chalut pélagique (filet qui ne touche pas le fond marin) ont également été tous équipés de « pingers », dispositifs dissuasifs acoustiques destinés à éloigner les cétacés des chaluts, précise le communiqué. « Les premières expérimentations menées dans le cadre du projet ‘PIC’ porté par l’organisation de producteurs ‘Les Pêcheurs de Bretagne’ indiquent ainsi une diminution de 65% des captures accidentelles avec ce dispositif. » Et depuis le 1er janvier, les pêcheurs sont tenus de déclarer les captures accidentelles. En soutien à cette évolution, un guide d’identification des espèces de mammifères marins et d’aide à la saisie dans les outils déclaratifs est en cours de diffusion aux pêcheurs professionnels. « Malgré ces mesures, les niveaux d’échouages actuellement constatés sur les côtes françaises demeurent élevés, s’inquiètent les ministères. Il est ainsi prioritaire de renforcer les travaux d’expertise avec les partenaires scientifiques associés afin d’identifier les différentes flottilles françaises ou étrangères impliquées, et de poursuivre la mise en place de mesures de prévention », poursuivent-ils, notant travailler également avec les autorités espagnoles. Les deux ministres travaillent notamment à l’élaboration d’un plan d’actions pour la protection des cétacés sauvages, visant à réduire les captures accidentelles. Il doit également se pencher sur les risques de collision, la réduction des bruits sous-marins provoqués par l’homme qui perturbent ces animaux marins, ou encore l’encadrement des distances minimales d’approche des bateaux.

Mi-février, l’observatoire Pelagis, une unité mixte de services de l’Université de La Rochelle et du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) qui évalue l’état des populations d’oiseaux et mammifères marins, avait indiqué que plus de 400 dauphins s’étaient échoués depuis le début de l’année sur la côte atlantique, évoquant un phénomène alarmant similaire aux hivers précédents. Selon Sea Sheperd France, qui mène actuellement une campagne au large de la côte atlantique, ils seraient plutôt 600 dauphins, souvent « mutilés », un chiffre « bien en-deçà de l’ampleur réelle du carnage », certains cétacés coulant en mer avant d’atteindre le rivage. L’ONG estime que les chalutiers ne sont « pas les seuls coupables », pointant également du doigt d’autres méthodes de pêche ciblant aussi les bars et les merlus, mais aussi des navires usines plus au large qui pêchent pour fabriquer de la farine de poisson et du surimi.