La quasi-totalité des requins-marteaux halicornes de Nausicaà à Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais) sont morts prématurément, un phénomène jugé « normal » par la direction de l’aquarium mais lié à leur captivité, selon un scientifique.
Vingt-huit des trente spécimens de requins-marteaux halicornes arrivés d’Australie à Nausicaà sont morts prématurément entre 2011 et 2018, a indiqué à l’AFP le directeur de l’aquarium, Philippe Vallette, confirmant une information de La Voix du Nord. Il assure que ce taux de mortalité de 93% est « normal » et « lié à l’âge d’importation des animaux ». « On prend toujours des juvéniles pour avoir un impact minimum sur l’environnement puisqu’ils ne sont pas encore en âge de se reproduire et qu’en mer, ils seraient statistiquement condamnés », a-t-il expliqué à l’AFP. « C’est une espèce mal connue et nous sommes dans une démarche de recherche scientifique et de pédagogie, affirme M. Vallette. On aurait préféré qu’ils soient tous vivants mais on savait qu’on aurait des pertes », poursuit-il, précisant que Nausicaà « ne compte pas en réimporter dans l’immédiat ». Selon Nicolas Ziani, scientifique référent du Groupe phocéen d’étude des requins, « cette espèce vit en haute mer et est très sensible à la manipulation, à l’apport en oxygène et à l’espace de nage: il faut des bassins spécifiques et très grands ». Avant même d’arriver à l’aquarium, « le transport engendre un stress énorme qui peut tuer l’animal, d’autant plus s’il est juvénile et donc plus fragile », relève-t-il. Selon le spécialiste, le fait d’avoir cette espèce en aquarium est « vendeur pour l’établissement mais ne prend pas en compte les besoins biologiques de l’animal ». Parmi les deux spécimens toujours vivants à Nausicaà, un seul est exhibé dans le grand bassin depuis fin janvier seulement, alors qu’il était arrivé sur la côte d’Opale en 2011. L’autre spécimen, encore juvénile et seul survivant d’un groupe de dix, est arrivé en avril 2018 et ne sera pas visible avant « au moins quatre à cinq ans, le temps qu’il grandisse et s’adapte à son environnement », explique Philippe Vallette. Reconnaissable à sa tête aplatie aux yeux périphériques, le requin-marteau halicorne peut mesurer jusqu’à 4 mètres à l’âge adulte. Il figure sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Il est notamment victime de la surpêche car son aileron est très prisé dans les pays d’Asie, où il est consommé sous forme de soupe.