Paysages volcaniques somptueux, colonies d’oiseaux et de mammifères marins parmi les plus importantes au monde, les Terres et mers australes françaises ont été classées vendredi 5 juillet au patrimoine mondial par l’Unesco, une reconnaissance pour ce site préservé de près de 673.000 km2, essentiellement marin.
Les 21 États membres du Comité du patrimoine mondial, réunis à Bakou, en Azerbaïdjan, ont décidé « à l’unanimité » d’inscrire les Terres et mers australes françaises au patrimoine naturel mondial de l’Unesco, a annoncé à l’AFP Ségolène Royal, ambassadrice des Pôles, présente sur place au nom de la France. Situées au sud de l’océan Indien, à plus de 2.000 kilomètres de tout continent, entre les quarantièmes rugissants et les cinquantièmes hurlants, le site classé, qui comprend les îles Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam, et l’archipel Crozet, compte la plus forte concentration d’oiseaux marins au monde, la plus grande diversité d’oiseaux et mammifères marins, des paysages volcaniques qui ont inspiré de nombreux écrivains, et des eaux riches et diversifiées. Il s’agit du plus vaste bien inscrit au patrimoine mondial. Son périmètre correspond à celui de la Réserve naturelle des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), l’une des plus grandes aires marines protégées à l’échelle mondiale, créée en décembre 2016 par Ségolène Royal, alors ministre de l’Écologie. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Mais il ne couvre pas l’ensemble des TAAF. Les Îles Éparses et la Terre-Adélie n’étaient pas incluses dans le projet de candidature. Le gouvernement a salué cette inscription, qui « représente autant une grande responsabilité pour la France qu’une reconnaissance de la richesse de notre biodiversité« , selon les mots du ministre de l’Écologie François de Rugy. Cette inscription « permettra non seulement de mettre en avant l’exemplarité de la préservation de la biodiversité, mais aussi de garantir la réalisation d’activités durables, menées dans le respect des écosystèmes et des ressources naturelles« , a souligné la ministre des Outre-mer Annick Girardin. Il s’agit du 45e site français classé par l’Unesco et du 6e site classé au titre du patrimoine naturel.
« C’est un grand bonheur« , a affirmé Mme Royal à l’AFP, saluant « un coup de projecteur sur un des derniers espaces de naturalité du monde« . « Ce sont les efforts de plus d’un demi-siècle de recherche scientifique sur les grands enjeux environnementaux qui sont aujourd’hui mis à l’honneur« , a déclaré l’ancienne ministre dans son discours de remerciement dont l’AFP a eu copie. « C’est aussi un encouragement à relever les immenses défis écologiques de préservation de ce site remarquable« . Certaines îles du périmètre classé sont interdites d’accès, d’autres, disposant de bases scientifiques, uniquement accessibles par la rotation du navire ravitailleur des TAAF, le Marion Dufresne. Les TAAF comptent moins de 200 habitants. La pêche y est très strictement encadrée et le site protégé par des bateaux de la marine nationale, le patrouilleur polaire Astrolabe, et un réseau de suivi satellite. Les Terres et mers australes françaises représentent « la plus forte concentration d’oiseaux marins sur la planète », avec « plus de 50 millions d’oiseaux » (manchots, albatros, pétrels, cormorans, gorfous, etc.), et 47 espèces différentes, dont sept endémiques, a expliqué à l’AFP Cédric Marteau, le directeur de la Réserve naturelle, juste avant de se rendre à Bakou.
L’archipel Crozet abrite notamment « la plus grande population de manchots royaux au monde » et l’île d’Amsterdam la plus grande colonie d’albatros à bec jaune, ainsi que l’albatros d’Amsterdam, dont il ne reste que 32 couples. Le site classé compte aussi « l’une des plus fortes concentrations de mammifères marins« , avec notamment la plus grande population mondiale d’éléphants des mers australes aux Kerguelen. A la convergence de trois fronts océaniques, il présente aussi une biodiversité marine riche (poissons, crustacés, calamars, oursins), principale ressource alimentaire des oiseaux et mammifères marins. Éveline Decorps, préfète des TAAF, a assuré à l’AFP qu’il n’y avait aucun risque de tourisme de masse: « Il faut cinq jours pour y aller, dans un océan souvent agité, sans escale possible, sans quais. Il n’y a qu’un seul moyen de se rendre sur place, c’est le Marion Dufresne« , qui dispose au maximum de 12 places pour les touristes, pour un coût de 8.600 euros le voyage d’un mois, temps nécessaire pour effectuer la rotation.
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