Dans les Deux-Sèvres, un campement de « résistance » à des projets de retenues d’eau s’est installé le jour même où, à l’occasion de la clôture des Assises de l’eau, le gouvernement a annoncé vouloir limiter ce genre de structures.
Les Assises de l’eau se sont closes lundi 1er juillet, avec une série de mesures annoncées par le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy. Parmi celles concernant la préservation des écosystèmes aquatiques et la qualité de l’eau, menacés par les pesticides et les nitrates de l’agriculture, le gouvernement propose d’octroyer aux communes un droit de préemption sur les terres agricoles afin de réduire les épandages de produits chimiques à proximité de sources ou de nappes phréatiques alimentant le réseau d’eau potable. Le ministère prévoit également de remettre en état naturel 25.000 km2 de cours d’eau, de renforcer des solutions fondées sur la nature et de doubler la superficie des aires protégées de milieux humides (67% d’entre elles ont disparu en métropole depuis le début du 20è siècle). [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Florence Denier-Pasquier, vice-présidente de France Nature Environnement (FNE), salue la volonté de « mettre la sobriété au cœur de la politique« , mais relève des « déceptions et des oublis complets » sur la répartition du financement de la politique de l’eau ou encore la cartographie des cours d’eau, dont la méthodologie actuelle conduit à une érosion de la protection de certains d’entre eux. Par ailleurs, François de Rugy a annoncé que des retenues d’eau pourront être créées, mais uniquement si elles répondent à plusieurs besoins. Des demandes d’agriculteurs de stocker l’eau pendant l’hiver se heurtent parfois à l’opposition d’associations environnementales, comme dans le conflit récent autour du barrage de Caussade dans le Lot-et-Garonne.
Or un nouveau conflit semble se cristalliser autour de retenues d’eau dans les Deux-Sèvres. Des dizaines de militants ont commencé lundi 1er juillet à se relayer à Mauzé-sur-le-Mignon pour assurer un tour de garde dans un campement de « résistance » à des projets controversés de retenues d’eau, appelées « bassines ». Le collectif « Bassines Non Merci », qui regroupe une trentaine d’associations, a mis en place pendant le week-end un « campement de résistance et de surveillance » (CRS), baptisé Mauz’zad, s’opposant à un projet près de cette commune jouxtant le parc naturel régional du Marais poitevin. Il fait partie de 16 projets de « bassines » à usage de stockage d’eau pour irrigation agricole, qui cristallisent les tensions dans la région depuis des années ; treize dans les Deux-Sèvres, deux en Charente-Maritime et une dans la Vienne. L’État et les chambres d’agriculture souhaitent les creuser en trois tranches de travaux et si possible dans les trois prochaines années.
Ces projets « confortent un modèle d‘agriculture dont on ne veut plus« , a indiqué à l’AFP le député européen EELV Benoît Biteau, agriculteur bio en Charente-Maritime. « On lance un appel à tous ceux qui viennent en vacances par ici pour qu’ils s’installent chez nous, sur un terrain privé d‘où il sera dur de nous déloger« , a ajouté Jean-Jacques Guillet, porte-parole du collectif. Dans ce campement où une tour de guet symbolique a été construite, « on leur propose de faire de la surveillance d‘éventuels débuts de travaux« , a ajouté le porte-parole qui annonce « d‘autres CRS » à venir.
Pour le parti écologiste EELV qui défend la mobilisation locale, « ces réserves d‘eau géantes, de 10 hectares en moyenne, remplies en hiver en pompant principalement dans les nappes souterraines, pour irriguer en été des cultures intensives (en particulier maïs) et financées sur fonds publics, sont un non-sens écologique à l’heure où le partage de l’eau se fait toujours plus sensible« , selon un communiqué. « Ces projets menacent l’accès à l’eau potable et augurent d‘un gaspillage dramatique de ressources et de terres pour favoriser les bénéfices de quelques uns« , ajoute le texte. Environ 200 projets de ces « bassines » sont en cours d’élaboration dans les quatre départements de l’ancien Poitou-Charentes.
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