L’eurodéputée écologiste Karima Delli a été blessée lundi soir lorsque la gendarmerie a dispersé à l’aide de gaz lacrymogènes un rassemblement d’opposants au projet d’autoroute controversé GCO à Kolbsheim, à l’ouest à Strasbourg.
Quelque 150 opposants, que les gendarmes avait évacués à l’aube d’une zone à défendre (ZAD) sur le tracé de la future rocade, se sont présentés en début de soirée à l’entrée de celle-ci. « Les élus et les députés étaient devant et ont demandé aux gendarmes s’ils pouvaient rentrer sur les lieux, a raconté à l’AFP Luc Huber, maire de la commune voisine de Pfettisheim, présent lors du rassemblement. Cela se passait bien, il y a peut-être eu un ou deux jets de branchage (…), mais nous avons immédiatement demandé d’arrêter », a expliqué l’élu. Selon la préfecture du Bas-Rhin, la vingtaine de gendarmes présents a été visée par « des jets de projectiles et a fait usage à deux reprises de lacrymogènes par diffuseur afin d’assurer le retour au calme ». Venue avec José Bové, autre eurodéputé EELV, soutenir les opposants au projet de Grand contournement ouest (GCO), Karima Delli, incommodée par le gaz lacrymogène est « tombée à terre, a moitié évanouie, selon M. Huber. Elle a été plus directement touchée que les autres. Elle a été soutenue par des médecins parmi les manifestants avant d’être évacuée chez le maire de Kolbsheim », a-t-il ajouté.
Mardi matin, la députée (LREM) Martine Wonner a annoncé sur France Bleu Alsace que le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy recevrait une délégation d’opposants au GCO « demain ou après-demain », sans autre détail. Le projet GCO, évoqué dès les années 1970 et régulièrement abandonné avant d’être relancé à la fin des années 1990, a pour but de délester l’autoroute A35 en absorbant le trafic du nord au sud de l’Alsace. La mise en service de cette rocade de 24 km est prévue au plus tôt en 2021. Les opposants soulignent qu’il entraînera la disparition de nombreuses terres agricoles et la mise en danger d’espèces protégées, dont le grand hamster d’Alsace.
Appelé « Grand contournement ouest » (GCO), ou « Autoroute de contournement ouest de Strasbourg » (ACOS), ce tronçon de 24 kilomètres est destiné à désengorger l’autoroute A35, qui traverse l’agglomération bas-rhinoise de part en part, dans le sens nord-sud. « C’est un contournement assez classique, une façon d’améliorer le trafic nord-sud, en particulier pour les poids lourds », explique le préfet du Grand Est et du Bas-Rhin, Jean-Luc Marx. Celui-ci met en exergue les nombreux avantages de ce chantier à 593 millions d’euros, notamment en termes d’emplois et d’activités économiques. L’ouverture de cette autoroute à 2×2 voies est prévue au mieux début 2021 et elle sera payante. Mais depuis la naissance de ce projet, en 1973, le GCO compte nombreux d’opposants, à commencer par les écologistes : « C’est une fausse solution à un vrai problème. Cela va augmenter la pollution et le trafic. On va payer le prix fort mais sans en tirer aucun bénéfice », regrette ainsi Michaël Kugler, qui était un des créateurs de la zone à défendre (ZAD) de Kolbsheim, petite commune près de Strasbourg où doivent commencer les travaux. Les militants écologistes ont déposé de nombreux recours au fil des ans contre ce projet régulièrement abandonné avant d’être relancé à la fin des années 1990. La justice doit d’ailleurs encore statuer dans les prochains jours sur deux référés déposés par les opposants. Outre la pollution, les détracteurs de cette rocade qui doit traverser 22 communes soulignent que ce « projet d’un autre âge » entraînera la consommation de nombreuses terres agricoles et la mise en danger d’espèces protégées. Une commission d’enquête est d’ailleurs allée dans leur sens et a rendu un avis défavorable au GCO, des conclusions qui n’ont pas été suivies par l’Etat. Le concessionnaire Arcos, une filiale de Vinci, et la Sanef, qui sera en charge d’un échangeur, sont les entreprises retenues pour construire le GCO.