Plus de 5 ans d’étude basée sur sciences participatives ont permis d’affirmer que 5 espèces de vers géants invasifs ont colonisé une partie de la France.
Au rang des espèces exotiques envahissantes, après le frelon asiatique ou l’écureuil de Corée, la France doit désormais composer avec les plathelminthes terrestres, des vers plats qui passent d’un continent à l’autre grâce au transport des plantes. Généralement de taille modeste, ils peuvent en revanche atteindre le mètre dans le cas des plathelminthes bipaliinés (genres bipalium et diversibipalium). C’est en découvrant en France le plathelminthe de Nouvelle-Guinée en 2013 que le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) a lancé un appel à témoins à travers tout le pays. Plus de 700 contributions citoyennes ont été étudiées pendant 5 ans par une équipe de chercheurs de l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité du MNHN. Parmi les photos, plus de 100 concernaient 5 espèces de platheminthes bipaliinés, à la tête en marteau et pouvant atteindre 40 cm de long. Elles ont été signalées sur le territoire métropolitain et ultramarin, avec la particularité que la moitié des observations est localisée dans le seul département des Pyrénées Atlantiques. Les scientifiques pensent que les plathelminthes, qui redoutent le froid et la sécheresse se plaisent dans les hivers doux et les été humides de cette partie côtière entre Bayonne et la frontière espagnole. Ils s’inquiètent également de leurs conséquences sur la biodiversité : « Les bipaliinés sont des prédateurs de la faune du sol, notamment des vers de terre, et représentent donc une menace pour la biodiversité des sols et leur équilibre écologique – ils sont capables de tuer des proies jusqu’à 50 fois plus lourdes qu’eux », en utilisant notamment un neurotoxique surpuissant, explique le MNHN dans un communiqué. Par ailleurs, ils se reproduisent de façon asexuée et peuvent envahir très rapidement un territoire, méritant donc d’être classés « espèce exotique envahissante ». Le MNHN s’étonne que cette invasion, qui remonte à 20 ans, n’ait pas soulevé l’intérêt des scientifiques plus tôt. « Cela montre bien la méconnaissance de tous les acteurs dans ce domaine ; il va falloir pallier ce manque d’information sur les Plathelminthes terrestres. »