Une étude publiée par l’ONG Birdlife brosse un portrait alarmant de l’état de conservation des oiseaux d’Europe, en soulignant la responsabilité des États dans leur protection.
Alors que les nouveaux indicateurs de biodiversité de l’Observatoire National de la Biodiversité (ONB) ont fait apparaître une régression de 23% des populations d’oiseaux communs les plus sensibles aux dégradations des écosystèmes entre 1989 et 2015 en France, l’association ornithologique Birdlife a publié le 20 Mai une étude résumant l’état de conservation de 541 espèces d’oiseaux dans 50 pays européens. Ce travail a notamment pour objectif d’attirer l’attention sur la part de responsabilité de chacun des États pour protéger les espèces prioritaires et mesurer les évolutions observées depuis les années 1990. En 1994, 38% des espèces sauvages avaient été évaluées en « état défavorable. » En 2004, le nombre avait grimpé à 43%. Selon Birdlife, les résultats de la troisième évaluation, en cours de validation, devraient être « largement similaires aux deux premiers ».
Dans le cadre de cette étude , la France remporte un bien sombre palmarès : elle figure en première position en ce qui concerne le nombre d’espèces hébergées en mauvais état de conservation au niveau mondial. En Europe, elle occupe la quatrième position après la Russie, la Turquie et l’Ukraine. Le rapport indique que 23 espèces en mauvais état de conservation au niveau mondial sont présentes en France, dont 14 à raison d’effectifs relativement importants, telle que la Sittelle corse, mondialement menacée et confinée aux pinèdes de pin laricio en Corse, ou le Vanneau huppé dont le grand ouest constitue l’aire d’hivernage privilégiée des populations européennes. Dans un communiqué, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) s’est alarmée du fait que « peu d’espèces bénéficient de plan d’action, 10 sont encore chassées en France, sans mesure particulière pour limiter leurs prélèvements et évaluer l’impact de ces derniers : la Perdrix bartavelle, le Fuligule milouin, l’Huitrier pie, la Barge rousse, le Bécasseau maubèche, l’Eider à duvet, le Vanneau huppé, le Courlis cendré, la Tourterelle des bois, la Macreuse brune. » L’ONB, à travers ses indicateurs, avait estimé que les espèces spécialistes d’un habitat, aux exigences écologiques strictes, telles que l’Alouette des champs et la Linotte mélodieuse, sont plus menacées que les espèces généralistes, comme le Pigeon ramier ou la Corneille noire, dont les effectifs sont en hausse. Cette tendance trahit un mauvais état de santé des habitats, notamment en termes de disponibilité en sites de nidification.
Malgré son constat pessiiste, l’étude de Birdlife pointe quelques pays « hotspots d’avifaune », telle que la Géorgie qui, grâce a sa position géographique et la variété de ses climats, héberge notamment la population globale de Tétras du Caucase. De même pour l’Espagne, considérée comme un paradis pour oiseaux : le pays accueille de nombreuses espèces endémiques aux Îles Canaries et aux Baléares (le Pinson Bleu de Grande Canarie, le passereau le plus rare d’Europe, et le Puffin des Baléares, l’oiseau marin le plus menacé). Le pays représente également le plus important refuge d’Europe pour les vautours.
Enfin, le rapporte souligne la responsabilité de certains petits pays en matière de conservation des oiseaux. Ainsi, Azerbaijan ne représente que 86 600 km2 de terre, pourtant il héberge 70 à 90% de la population d’Europe hivernante et très menacée de la Marmaronette marbrée, de l’Oie naine, de l’Erismature à tête blanche et de la tadorne casarca !