« L’élevage et la gestion des milieux humides ont partie liée. La crise de l’un risque d’aboutir à la déshérence de l’autre » : un rapport conjoint du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) et du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) préconise le recours à l’élevage extensif pour restaurer les zones humides.
En France, la biodiversité et l’élevage sont chacun en grande difficulté, et c’est encore davantage le cas sur les territoires où ils interagissent : artificialisation irréversible des zones humides, où 75 % des espèces sont en mauvais état de conservation ; crise économique et sociale des exploitations d’élevage, dont le résultat est négatif en moyenne et qui ne survivent que grâce à des aides publiques. Sur des territoires où se cumulent ces difficultés, comment envisager non seulement de les atténuer mais, mieux encore, les transformer en atouts ?
La mission interministérielle a constaté sur le terrain une situation de réelle urgence : perte de confiance des éleveurs dans le nouveau système d’aides agroenvironnementales, celles-ci n’ayant été versées que de façon très incomplète depuis deux ans, et abandon de prairies lié au départ en retraite d’exploitants ; habitats naturels dégradés ou espèces en danger, et ouvrages hydrauliques qui ne fonctionnent plus. Comment redonner rapidement espoir aux éleveurs et préserver sérieusement la biodiversité de ces milieux ?
La mission propose une véritable alliance entre les parties prenantes : en matière d’élevage bovin, une production extensive qui diminue les charges et tire le meilleur parti des potentialités des milieux humides ; en matière environnementale, une utilisation complète des nouvelles dispositions législatives concernant la biodiversité.
Elle énonce ensuite six recommandations opérationnelles et rappelle, comme l’avant fait avant elle le Conseil d’analyse économique, que « préserver le capital naturel doit devenir un axe central de la politique agricole : c’est tant un enjeu environnemental qu’une condition de la réussite économique future de l’agriculture elle-même. Pour cela, il faut s’orienter davantage vers une rémunération des aménités plutôt que des aides indifférenciées aux objectifs incertains ».