Les chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), en collaboration avec l’Office national des forêts (ONF) ont étudié la survie du chêne sessile dans un réseau de plantations expérimentales installées il y a 30 ans dans plusieurs pays européens.
Des populations issues de 116 origines géographiques avaient été transférées par plantation dans 23 forêts. Parmi ces transferts de populations, certains reproduisent spatialement des variations climatiques analogues à celles annoncées par les prédictions du GIEC. Ces plantations fournissent ainsi des éléments importants relatifs aux réponses futures du chêne sessile au changement climatique. Les résultats montrent que, globalement, l’espèce manifeste une faible sensibilité aux variations climatiques. Le facteur qui génère les variations les plus importantes est le manque d’eau. On note en revanche des réponses différentielles des origines géographiques : les populations venant de climats plus chauds ont une croissance inférieure à celles provenant de climats plus froids, montrant que le climat d’origine des populations a contribué à leur différenciation génétique perceptible aujourd’hui.
Ces données relatives à un climat contemporain, variable à l’échelle européenne, ont ensuite été intégrées dans des modèles incluant différents scénarios de hausse des températures d’ici à 2100. Les chercheurs ont ainsi déterminé les zones où la survie et la croissance du chêne sessile pourraient être limitées par le réchauffement à venir.
Face à un changement climatique modéré qui aboutirait à une hausse des températures de 1,8°C en moyenne d’ici 2100, l’espèce voit sa survie réduite au sud et à l’est de l’Europe. Les chênes sessiles situés dans le nord de l’Espagne, le centre et le sud de la France, le sud-est de la Serbie, l’ouest de la Hongrie, l’est de la Géorgie et le nord-ouest de la Turquie verraient leur croissance, voire leur survie, affectées. En revanche, les populations proches de la limite nord de la zone de distribution naturelle du chêne sessile bénéficieraient d’une croissance relativement plus rapide, notamment dans le nord-est de la Pologne, en Ecosse, dans le sud de la Norvège ou en Suède.
Ces phénomènes s’amplifieraient dans le cas d’un réchauffement climatique plus sévère, + 3,7°C en moyenne d’ici 2100.
Ce dispositif expérimental est inédit de par son ampleur et la longévité de l’expérimentation. Il a permis d’évaluer la résistance au réchauffement climatique d’une espèce forestière d’intérêt majeur au plan économique, écologique et culturel et couvrant plus 1,5 millions d’hectares en France. La prochaine étape de cette expérimentation portera sur l’étude d’impact de l’augmentation de la saison de végétation selon les différentes origines (phénologie).