En kayak, dans le sillon de la grande alose

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Une chercheuse, un écrivain et une réalisatrice vont parcourir en kayak, dans la Garonne et la Gironde, le trajet migratoire de la grande alose, un poisson migrateur en voie de disparition, afin de mieux identifier les raisons de son recul.

L’alose est un poisson de la famille des harengs et des sardines, très surveillé et étudié du fait du déclin des populations amorcé dès le début du XIXème siècle par la pollution et l’aménagement des cours d’eau. Aujourd’hui, l’espèce est classée « vulnérable » sur la liste rouge des espèces menacées par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Dans le Sud de la France, la Garonne et l’estuaire de la Gironde constituent l’un des derniers grands bastions de l’alose, qui y effectue de grandes migrations. L’espèce est en effet amphihaline, c’est à dire qu’elle se déplace entre les eaux douces et la mer pendant son cycle biologique.

Depuis le 13 juin, l’expédition pluridisciplinaire « Alosa alosa » suit les traces de la grande alose en kayak le long de la Gironde et de la Garonne. Françoise Daverat, chercheuse à l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), et l’écrivain Donatien Garnier ont mutuellement conçu ce projet dont l’originalité réside dans « : l’art de mêler sciences, poésie et cinéma, tout en s’appuyant sur un mode de navigation ‘‘doux’’ pour ne pas perturber l’environnement observé », indique l’Irstea dans un communiqué. Au cours du voyage, la scientifique, qui coordonne les programmes de recherche FAUNA et Shad’eau sur l’écologie et la conservation des populations d’alose, poursuivra ses travaux sur l’espèce, en cherchant à identification les facteurs en jeu dans le déclin des populations qui se poursuit malgré un moratoire de pêche mis en place en 2007. Le but est de « trouver des leviers d’action pour mieux protéger [l’alose]. Il s’agit d’examiner aussi ses usages de pêche et encourager ainsi une gestion adaptée. »

De son côté, l’écrivain « s’inspirera de ses observations du milieu de vie de l’alose et de ses échanges avec les scientifiques impliqués dans Shad’eau et FAUNA pour réaliser un poème ‘‘sous–marin’’, c’est-à-dire lisible sous l’eau, destiné aux piscines. » Afin de rendre le projet de médiation scientifique plus complet, Françoise Daverat et Donatien Garnier ont invité la cinéaste Mélanie Gribinski à participer au projet, afin de réaliser un court-métrage qui sera diffusé lors d’évènements et sur le web et les réseaux sociaux.

L’expédition de 12 jours en kayak se divise en deux parties, correspondant aux temps critiques du cycle de vie de l’alose : du 13 au 15 juin, les trois participants parcourront les frayères de la Garonne pour collecter des géniteurs morts après la reproduction et prendre des mesures des conditions environnementales qui influent sur cette dernière. Puis, après une interruption, l’expédition reprendra du 30 Juillet au 7 août vers l’estuaire de la Gironde afin de suivre le trajet des juvéniles et de mieux comprendre l’impact des obstacles et des transformations du milieu imposés par l’homme sur la survie des aloses.

L’expédition peut être suivie quotidiennement sur le blog de Donatien Garnier, et sur la page Facebook du projet.