Les ornithologues de la Réserve naturelle nationale des marais de Séné suivent avec leurs homologues néerlandais quatre échassiers porteurs de balises GPS posées aux Pays-Bas.
La spatule blanche ressemble un peu à une aigrette qui se serait fait aplatir le bout du bec par un marteau ! Elle doit son nom à ce bec en forme de spatule, et à son plumage immaculé. Et il y a quelques jours, elles étaient quatre. Quatre spatules blanches équipées de balises aux Pays-Bas, qui sont venues se poser dans les marais de Séné. Si les spatules sont des oiseaux réguliers dans les marais de Séné, il n’est pas commun d’en voir équipées de balises !
Deux d’entre elles sont reparties dès le lendemain, poursuivant leur migration, et rapidement relocalisées en Espagne. Une cinquième est venue se poser peu après, toujours porteuse d’une balise. Arrivant directement des Pays-Bas, certaines vont passer l’hiver en Bretagne, tandis que d’autres, en escale, vont aller hiverner dans l’ouest de l’Afrique. « Les marais de Séné sont une escale d’importance internationale pour les oiseaux migrateurs, explique Guillaume Gélinaud, conservateur de la réserve naturelle, et son intérêt est renforcé par la présence du golfe du Morbihan, qui offre des milieux remarquables pour les oiseaux. » Après les zones humides du Golfe du Morbihan, les oiseaux pourront rejoindre celles de Loire-Atlantique, puis celles qui se présenteront tout au long de leur migration. Ces zones sont pour eux des escales indispensables le long de leur voyage, leur assurant le gîte et le couvert. La présence de ces cinq spatules blanches souligne ainsi l’interdépendance des zones humides : chacune d’elle fait partie d’un vaste réseau.
Pour Guillaume Gélinaud, la présence de ces oiseaux montre en effet « l’importance des réseaux de zones humides et des réseaux d’espaces protégés : on ne peut pas se contenter de quelques confettis de marais protégés ici et là… Ce qui est aussi passionnant, c’est que ces oiseaux porteurs de balises nous indiquent comment les oiseaux utilisent les sites, selon la marée. Et l’on se rend clairement compte que les oiseaux n’ont pas partout la tranquillité à marée haute que leur procure une réserve. Une fois l’eau de mer montée, ils se replient plus à l’intérieur du littoral, mais n’y trouvent pas de zones protégées, et donc pas la tranquillité qui leur est nécessaire. Il faut donc repenser plus globalement leur protection, qui doit porter sur l’ensemble de leurs activités. »